«Avez-vous déjà vu un charpentier construire une charpente et ne s’occuper de la vendre qu’une fois terminée ? Les producteurs ne peuvent plus continuer à produire sans s’intéresser à la commercialisation. » Fort de cette conviction, Christian Lucas, éleveur à Vairé, près des Sables-d’Olonne (Vendée), a décidé d’investir dans l’aval de la filière. La coopérative vendéenne Covia, qu’il préside, a repris en main l’abattoir de Challans en 2010. « Il est impératif de détenir un outil d’abattage. C’est le seul moyen de ne pas subir le marché », assure le président. Dans leur lancée, les coopérateurs ont réfléchi à la création d’une gamme de produits qu’ils vendraient en libre-service dans les grandes surfaces. C’est ainsi qu’est née leur marque « Vent d’éleveurs », en septembre 2015.
200 € de plus par animal
Quatre-vingts éleveurs sont engagés dans la démarche, sur les 350 que compte la coopérative. « Nous abattons 10 animaux par semaine. L’objectif est de passer à 25 », indique Christian Lucas. Le positionnement haut de gamme valorise les bêtes : « Le prix des charolaises tourne habituellement autour de 3,80 €/kg. Il est à 4,30 €/kg chez nous, soit une plus-value de 200 € par animal », se félicite-t-il. La variété des produits proposés colle aux attentes des consommateurs : merguez, saucisses, viande hachée spéciale bolognaise ou burger… Ils sont vendus dans une trentaine de points de vente : des supermarchés côtiers, où le pouvoir d’achat est plus important que dans le bocage, mais aussi parisiens, où les ventes décollent.
Le prix est toujours le même, quel que soit le magasin. La consigne est claire : « Si ce n’est pas possible, on ne livre pas ! Un discours que les patrons de magasins sont capables d’entendre, garantit Christian Lucas. Il ne faut pas avoir peur de se mettre à leur hauteur. Tous les aspects techniques sont vus par nos commerciaux mais les grandes discussions sur les prix se font directement avec les éleveurs. Ça change tout ! » Le bon démarrage de la marque vendéenne confirme ses dires et l’incite à réfléchir à de nouveaux débouchés. Pourquoi pas une gamme locale premier prix avec des races laitières…