Ces dernières années, chez Patrice Maquaire, agriculteur à Villiers-sur-Tholon, dans l’Yonne, les « nouvelles cultures » (pois chiche, fourragères porte-graines, sarrasin et avoine nue) ont remplacé une partie du colza et du maïs. La rotation a été allongée. Cultivée sur l’exploitation depuis trois ans, l’avoine nue (grains sans enveloppe), d’abord implantée sur 5, puis sur 8 hectares, occupe cette année 12 ha. « Je l’ai introduite dans la rotation à la suite des problèmes rencontrés sur le colza : altises, frais de culture élevés, précise Patrice. Semée fin septembre dans des terres réchauffées, l’avoine nue est peu gourmande en temps de travail et en intrants. Par rapport à un blé, on gagne un ou deux passages. »

Le céréalier réalise un seul fongicide - dont l’impasse est possible en année sèche -, un herbicide et un insecticide d’automne et deux passages d’engrais, de 100 à 120 unités d’azote maximum à l’hectare. « C’est une plante haute,qui peut monter à hauteur d’épaule, note-t-il. Il faut faire attention aux risques de verse. Selon les conditions de tallage à l’automne et le développement de la plante au printemps, un régulateur pourra être utilisé. Les semences sont souvent traitées au Gaucho et si ce produit est interdit, il faudra un insecticide, ce qui nécessitera une surveillance et un passage supplémentaire. »

L’avoine nue convient à tous les types de sol, y compris les terrains difficiles, et constitue une bonne tête d’assolement. Sur l’exploitation, elle est implantée dans le cadre de l’assolement suivant : luzerne ou trèfle (blanc ou Alexandrie) ou sainfoin, blé, orge d’hiver, pois chiche ou colza, blé, avoine nue. La variété cultivée est du Grafton.

Désherbage délicat

Le point noir de la culture est le désherbage. Le seul produit autorisé ne détruit ni le ray-grass, ni le brome, ni le vulpin. Pour éviter tout risque de salissement et d’impuretés à la livraison, il ne faut donc pas faire revenir la culture avant quatre ans minimum sur la même parcelle.

Le rendement varie entre 30 et 50 q/ha, selon les années et selon la conduite. Patrice Maquaire a récolté 40 q/ha en 2014, puis 37 q/ha l’année suivante. « Ne pas appliquer d’insecticide à l’automne a été une erreur, confie-t-il. Il y a eu de la virose. » Cette année, la culture se présentait bien, avec une perspective de 40-50 q/ha. Les conditions catastrophiques de fin de cycle ont, malheureusement, fait baisser le rendement à 34 q/ha.

Dans un contexte économique instable, l’avoine nue contribue à sécuriser le revenu de l’exploitation. « Le prix est connu au semis, souligne Patrice Maquaire. Il s’élève en 2016 à 250 €/t pour le débouché en alimentation humaine (flocon d’avoine, muesli…). Cette année, la céréale pourrait assurer la meilleure marge. La luzerne et le pois chiche sont aussi prometteurs. ».