Nouvelle gestion du marché

Sur un marché, le relationnel est indispensable. Surtout aujourd’hui, alors que des crises frappent la filière viande bovine. Les échanges sont ralentis depuis des semaines par la fièvre catarrhale ovine. C’est au responsable du foirail de connaître le fonctionnement de chacun de ses apporteurs et acheteurs, afin de les rassurer et de les faire revenir sereinement sur le marché. Pendant vingt ans, en tant qu’adjoint au maire, j’ai supervisé celui de Lezay, dans sa globalité. J’étais là de 4 h 30 du matin jusqu’à la fin du marché. Mon mandat électif a pris fin en 2014. La majorité n’ayant pas été renouvelée, j’ai proposé de poursuivre la gestion du foirail sous un statut d’autoentrepreneur. J’ai signé un contrat de dix-huit mois avec la mairie, soit le maximum légal autorisé pour une collectivité territoriale. Le 30 septembre dernier, la mairie a renoncé à mes services. Elle a repris la gestion du marché dans les mêmes conditions qu’avant mon arrivée. C’est-à-dire, avec un agent des services techniques de la mairie pour superviser les affaires courantes.

Le foirail est un outil commun, un lieu indispensable. Qui va le faire tourner ?

J’aurais pu rester encore quelque temps, afin de former un jeune successeur capable de reprendre le flambeau dans des conditions sereines. Comment ? En créant une Société d’économie mixte (Sem), c’est-à-dire une société anonyme pour les collectivités locales. Avec le maire adjoint, nous avons sollicité les commerçants, apporteurs comme acheteurs, pour qu’ils y prennent part à hauteur de 51 %. Mais ils n’ont pas répondu favorablement.

Impliquer apporteurs
et acheteurs

Le système de Sem existe déjà sur d’autres marchés : celui de Bourg-en-Bresse et celui de Château-Gontier. Ce dernier, en proie à des problèmes financiers, n’aurait pas survécu sans l’implication des négociants dans la société. A Lezay, nous n’avons pas ces problèmes, c’est peut-être pour cela que nos apporteurs et acheteurs se sont sentis moins concernés par le changement de gestion. Néanmoins, les élus ont prévu de visiter le marché de Bourg-en-Bresse. Car, dans tous les cas, le marché de Lezay devra évoluer vers une Sem s’il veut perdurer. Pourquoi ? Pour la garantie de paiement. C’est notamment à cause de cette question que la Sem n’a pas eu de franc succès à Lezay. Or, par les temps qui courent, les apporteurs tendent à se diriger vers des marchés au cadran, où ils sont assurés de récupérer leur chèque le jour même de la vente. Sur les marchés de gré à gré, le paiement peut être décalé de cinq à six semaines. Si nous voulons préserver nos éleveurs, nous devons raccourcir le délai de paiement et assurer une avance de trésorerie.

Emboîter le pas
aux marchés qui se lanceront

Puisque le succès des cadrans passe notamment par la garantie de paiement, c’est au tour des marchés de gré à gré de se lancer. Bourg-en-Bresse est bien parti. Comme partout, les négociants apprécient peu de voir s’immiscer des tiers dans leur gestion. Mais dans une filière en difficulté, la majorité d’entre eux apparaissent favorables à la garantie de paiement. Le volume des apporteurs est indispensable pour que les acheteurs remplissent leurs camions. Plus il y aura d’offres sur les marchés, plus il y aura de négociations.

Propos recueillis par Hélène Chaligne