«Le roi est mort, vive le roi », criait-on jadis. « Le paysan est mort, vive la paysannerie », a-t-on envie de crier aujourd’hui. L’apocalypse est inhérente à notre vision de l’histoire. Ainsi, la génération des seniors n’a cessé d’entendre le tocsin dénonçant le racisme, le marxisme, le nucléaire qui faisait craindre un Hiroshima généralisé… pour, finalement, terminer son cours dans une quiétude relative… Aujourd’hui, le tocsin sonne à nouveau pour Daech, mais aussi, à plus long terme, pour les dérives de l’intelligence artificielle et aussi pour le changement climatique.
Comment avons-nous enfanté des monstres ? Si Daech tue aujourd’hui de façon totalement absurde et tragique, le changement climatique issu de nos soifs mêlées de bien-être et de possession, peut demain engendrer une nouvelle apocalypse en chassant, notamment, des centaines de millions de migrants des espaces envahis par la mer.
Face à ces risques, le scepticisme n’a plus cours, qui accompagne trop souvent les initiatives telles que l’encyclique « Laudato si » du pape François ou la COP 21. Pour autant, le retour aux temps des diligences et des lampes à huile est inopérant. Reste que c’est l’initiative, appuyée sur de multiples connaissances, qui nous guidera vers des temps nouveaux.
Il en ira de même pour les habitants des paysages demeurés à l’écart des villes tentaculaires. Ils seront tirés de l’isolement par la maîtrise du numérique et des outils de communication, mais ils ne se contenteront plus de la fabrication exclusive de nourriture. Ils maîtriseront l’accueil, le qualitatif, l’entretien des espaces, le monde végétal et animal, l’énergie, l’extraction des matières premières, les créations d’entreprises moins corsetés qu’en ville et d’une façon générale, l’art de vivre. La paysannerie ne sera pas morte, elle aura muté.