Stéphane Buffet élève 40 normandes sur 49 ha dans le nord de la Mayenne, « une région herbagère gâtée par la nature ». Après onze ans de salariat en porcherie, il a repris en 2006 l'exploitation de ses beaux-parents et l'a agrandie. « J'ai commencé avec un tiers de holsteins et deux tiers de normandes. Puis j'ai investi dans un bâtiment neuf. »
A l'automne 2008, au début de la crise du lait, il rejoint un groupe d'éleveurs laitiers constitué par l'Afoc (1) de la Mayenne. Françoise Berson, une des animatrices, poursuit : « L'échange d'expériences, l'écoute active sont la règle dans nos groupes (2). Chacun présente son projet : cela facilite la prise de recul. Nous avons toujours une entrée économique. Mais nous pouvons aborder tous les sujets, y compris leurs préoccupations. En partant, chacun a les éléments, parfois contradictoires, pour se questionner. »
REGAGNER EN SOUPLESSE
Les rencontres se déroulent sur une des fermes du groupe. Les systèmes sont très diversifiés. Stéphane Buffet se posait surtout la question de son autonomie alimentaire. « Un intervenant spécialisé nous a apporté des informations techniques. Je suis en individuel. J'étais débordé par le travail et ma trésorerie était dans le rouge. La visite d'un Gaec tout herbe a été le déclic. Ils y arrivaient. Pourquoi pas moi ? De 12 ha de maïs je suis passé à 6. J'ai mis en place un pâturage tournant. Mon troupeau est désormais 100 % normand. Au lieu de produire 25 litres par vache, j'atteins 20 litres. Je ne fais plus systématiquement toute ma référence (290 000 litres) mais ma trésorerie est toujours positive. Le coût de ma ration est de 50 euros les 1 000 litres au pâturage et de 80 € l'hiver. J'ai peu de matériel. Je n'achète plus d'engrais, seulement un bactériolite pour le fumier. Je commence toujours la traite à 6 h 30 et je finis à 19 heures, avec des plages de respiration. Le mercredi, je m'occupe de mes enfants. »
Stéphane Buffet s'inquiète cependant de la chute du prix du lait à 310 € en octobre (377 € en 2014) : « Ce n'est pas cher payé face à nos astreintes. Cela m'encourage encore plus à garder une marge de manoeuvre pour absorber les chocs. » Françoise Berson insiste : « Nous travaillons sur une durée de quatre à cinq ans. En période de crise, il ne faut pas oublier les bonnes années. Sinon tout s'écroule. Si on optimise tout, cela devient vite très tendu : gardons une souplesse financière, sur l'alimentation, dans les batiments... »
(1) Association de formation et d'accompagnement à la gestion. L'Afoc est membre du réseau inter-afocg.(2) 8 à 10 personnes avec un financement Vivéa.