Le big data, ou le grand méchant loup. Voilà comment on peut résumer le sentiment de nombreuses personnes à la seule prononciation de ce terme. Alors faut-il penser qu'il cache de réels dangers ou en a-t-on peur parce que nous ne savons pas exactement ce qu'il signifie ?
La réponse se trouve certainement entre les deux car ces « données massives » sont produites partout autour de nous. Du robot de traite à la presse, en passant par le tracteur, les machines reçoivent toujours plus de capteurs. Par conséquent, les informations produites sont toujours plus nombreuses. Collectées voire utilisées avec des ordinateurs, elles ont une utilité immédiate ou restent stockées pour une hypothétique utilisation future. Elles peuvent aussi être partagées et envoyées à de tierces parties. Et c'est là que les « soucis » commencent.
ACCEPTER OU NON LES CONDITIONS D'UTILISATION
Car on ne se pose pas toujours la question du partage ou de la confidentialité des informations que nous produisons. Il suffit pourtant qu'un matériel soit connecté (réseau téléphonique, aérien ou câblé) pour qu'on ne devienne plus maître de ses données. Tout dépend des conditions d'utilisation du matériel ou du service acheté ou auquel on est abonné. Elles présentent plus ou moins de souplesse. Y adhérer, c'est en accepter les conséquences. A l'image des publicités ciblées sur Facebook, choisies et envoyées sur votre écran en fonction des pages que vous consultez sur internet, l'un des risques est qu'une société peut vous solliciter en fonction de vos pratiques culturales ou de l'état de votre élevage. Et ce ne sera pas forcément une firme chez qui vous êtes déjà client mais une entreprise partenaire d'un constructeur auquel vous avez acheté une machine. On peut ainsi imaginer un laboratoire pharmaceutique vous solliciter directement ou indirectement en rapport avec un problème éventuel sur toute ou partie du cheptel. Si nous n'en sommes pas encore à ce niveau, l'accélération des progrès technologiques dans le numérique permet d'appréhender les problèmes auxquels il faudra faire face.
A un niveau plus global, les calculs qui pourraient être réalisés d'après les données des semis ou des moissons à grande échelle pourraient avoir des incidences sur la commercialisation des produits et sur les marchés mondiaux. La sécurité alimentaire et les prix des matières premières agricoles se retrouveraient alors entre les mains d'une personne malveillante ou même d'un Etat. De quoi donner des sueurs froides aux amateurs de théories du complot. Pourtant, l'idée d'une plate-forme et d'échanges de données complètement ouverts n'est pas incompatible avec la garantie de la sécurité des données des exploitations agricoles. L'accord trouvé l'an dernier entre les farmers américains et les fournisseurs de technologie agricole en est un premier exemple.