Et si les big data devenaient votre principal outil de décision dans la conduite de vos cultures ? C'est une perspective qui fait rêver les plus connectés des agriculteurs et qui est déjà une réalité pour plusieurs millions d'hectares en Amérique du Nord. Là, les farmers bénéficient des trois principaux avantages des big data : analyser ses propres performances, gagner du temps et obtenir des conseils objectifs grâce au partage des données entre collègues.

DU SEMIS À LA RÉCOLTE

La collecte des données s'effectue essentiellement à partir de terminaux d'automoteurs. Sur les machines de récolte, il s'agit principalement d'informations sur le rendement avec de la cartographie et, depuis quelques années, de données plus précises sur la qualité avec, selon le produit récolté, des informations sur la matière sèche, les protéines, le taux d'humidité... Pour les tracteurs, les données enregistrées se limitaient à des informations sur le temps de travail, la consommation, la vitesse et la charge du moteur. Avec le développement de l'Isobus, qui permet au tracteur et à l'outil de communiquer directement, il est désormais possible de stocker des informations très précises sur le travail réalisé, comme la quantité d'engrais épandue, la densité de semis, etc.

En dehors des automoteurs, les big data sont collectées par des capteurs comme les sondes tensiométriques pour piloter l'irrigation, les sondes de détection dans les silos de stockage ou encore des drones. L'utilisation du guidage GPS permet de cartographier précisément ces mesures. Un agriculteur équipé peut donc connaître la quantité de produit phyto apportée à un point précis de sa parcelle et la mettre en corrélation avec l'engrais, la densité de semis, puis rapprocher tous ces paramètres des résultats du rendement et de la qualité pour cette « microparcelle ». L'étude fine de ces big data informe l'agriculteur des solutions les plus efficaces et les plus rentables pour chacune de ses parcelles. Elle lui offre un outil de décision personnel et peu coûteux, pourvu qu'il puisse consacrer suffisamment de temps à cette analyse.

DES INFORMATIONS OBJECTIVES

Les big data ont donc un intérêt certain à l'échelle de l'exploitation. Cependant, c'est en les partageant avec leurs confrères que les agriculteurs peuvent espérer des gains de productivité. Les farmers américains l'ont bien compris, avec des services sur internet comme The Climate Corporation ou encore le récent Farmer Business Network (lire l'encadré). Avec ces solutions, ils mettent à disposition toutes les big data collectées dans leurs champs et reçoivent en échange un accès aux données anonymes de leurs confrères. L'utilisation du service nécessite un abonnement dont le coût reste abordable.

Ce partage donne des informations objectives sur les performances d'un intrant puisqu'elles sont enregistrées par des confrères, sans l'influence d'un technicocommercial ou le recours aux conseils payants d'un consultant. Les utilisateurs de FBN apprécient aussi de disposer de résultats sur les nouvelles semences à partir de parcelles d'agriculteurs, plutôt que des essais d'universités issus de parcelles qui bénéficient d'une attention renforcée.

PROTÉGER SES DONNÉES

Il convient de ne pas être naïf lors du partage des données. On comprend le risque qui existe à mettre à la disposition de tous des informations géolocalisées sur les traitements ou les épandages d'effluents. Les ingénieurs de FBN, comme Chris Baron, recommandent de n'autoriser l'accès aux big data qu'à des services qui garantissent l'anonymat des données et leur agrégation pour éviter les identifications.

De même, pour les services de télématique des tracteurs et automoteurs, il peut s'avérer judicieux de le réserver aux pannes et situations d'urgence, en particulier si on souhaite se fournir ailleurs en consommables. Il est important de se faire préciser les modalités de partage de ces données lors de l'installation de la télématique et de ne communiquer à personne le code d'accès à l'interface internet.