Aude Canale court partout. « Je ne peux pas rester à un bureau à corriger des copies, j'aime quand ça bouge », affirme-t-elle. En poste depuis 2001 au lycée de la Bretonnière, à Chailly-en-Brie, en Seine-et-Marne, cette ancienne professeure de français met aujourd'hui son dynamisme au service de l'Education socio-culturelle (ESC). « Une matière militante, assure-t-elle, qui touche autant à l'éducation civique qu'aux techniques de communication et au monde des arts. »

PEUR DE RIEN

L'ESC est une spécificité du monde agricole, qui entend inciter ses jeunes à « s'ouvrir au monde ». Pour leur faire comprendre l'intérêt de cette discipline aux contours un peu flous, Aude les met en situation : « Il est primordial de savoir analyser une information et de développer son esprit critique, leur martèle-t-elle. Quand vous serez à la tête d'une exploitation, vous serez amenés à communiquer avec des salariés, des banquiers, des journalistes... Encore plus si vous diversifiez votre activité et que vous vous retrouvez en relation directe avec des consommateurs ou des touristes ! »

Chaque année, elle monte avec les troisièmes, les bacs pros et les BTS de nouveaux projets artistiques ou d'éducation civique, à l'échelle d'une classe ou de l'établissement. Il lui faut « mille idées à la seconde », s'amuse-t-elle : un char de Père Noël pour visiter les écoles voisines, un travail sur la photographie en « light painting » (pauses longues, de nuit, avec des mouvements de lumière), une grande exposition sur le droit des femmes dans le monde... « Je n'ai peur de rien. Issue du monde des lettres, je n'ai pas spécialement de connaissances artistiques mais j'ose me lancer dans tout ce qui m'intéresse, même si je n'y connais rien. » Besoin d'un appui technique ? Elle fait venir des artistes au lycée. De financements ? Elle part à la recherche de fonds régionaux. Et à tout cela s'ajoute l'animation du foyer, des fêtes de fin d'année dans le lycée... « Il faut de l'énergie pour tirer tout le monde », reconnaît-elle. Les élèves, en premier lieu, mais aussi le chef d'exploitation, les agents techniques, le chauffeur de bus, l'administration... « Quand arrive le mois de juin, je suis vidée ! »

Aura-t-elle la même énergie dans dix ans ? Pas sûr, avoue-t-elle. En attendant, elle s'attelle à son prochain projet, programmé pour la rentrée 2015 : participer à la Balade du goût, organisée par le réseau Bienvenue à la ferme, en ouvrant l'exploitation du lycée au public.