« La recherche de complémentarité entre les filières et la mutualisation des savoir-faire prend tout son sens à l'échelle de projets locaux », souligne Frédéric Levrault, spécialiste du changement climatique pour le réseau des chambres d'agriculture. « Tout comme les fermes, les territoires doivent regagner en autonomie, en se diversifiant, en réintégrant l'agronomie dans l'agriculture, afin de mieux s'adapter au changement climatique », insiste Jean-Claude Bévillard, en charge des questions agricoles à France nature environnement.
ORGANISATION COLLECTIVE
Après la sécheresse de l'année 2003, le projet Climfourel s'est construit avec l'objectif d'évaluer les impacts du changement climatique et de dresser des pistes d'évolutions possibles des systèmes d'élevage en Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées. Actuellement, un travail est engagé pour mettre en place une contractualisation entre les céréaliers de la plaine et les éleveurs des Monts du Lyonnais. « Une forme d'organisation collective qui permettrait de sécuriser l'approvisionnement des éleveurs sur le long terme », précise Régis Perrier, de la chambre d'agriculture d'Ardèche et coordinateur du projet.
STRATÉGIE GAGNANT-GAGNANT
Lors des années de crise, des transactions entre les céréaliers en plaine et les éleveurs sur les piémonts peuvent avoir lieu. « Le maïs qui doit être récolté en grain est basculé en ensilage », explique Emmanuel Forel, de la chambre d'agriculture d'Ardèche. A plus long terme, une dizaine de céréaliers envisagent d'introduire de la luzerne ou des prairies temporaires dans leurs assolements, avec un objectif de diversification pour vendre du foin séché à 35 éleveurs environ, situés à une distance de 50 à 90 km. Une première étude de faisabilité a été lancée en 2013, pour un objectif de réalisation du projet en 2017. Les quantités porteraient sur 1 500 t de MS/an avec un prix de vente évalué à 200 €/t pour le moment. La fauche et la récolte seraient réalisées en prestation de service auprès d'une entreprise de travaux agricoles et la distribution serait planifiée par un petit groupe d'éleveurs qui travailleraient avec un salarié en charge du séchage en grange. « Plusieurs limites du projet sont encore à étudier. Ainsi, lors d'une année humide, les éleveurs n'auront pas besoin d'un apport complémentaire de fourrage », relève Emmanuel Forel.