Près de Blois, ProGraines est en liquidation judiciaire depuis le 16 octobre. Une douzaine de producteurs de semences n’ont pas été payés des récoltes 2014 et 2015. Créée en 2009 par François Dobbeleare, Prograines, une entreprise au sein du groupe Agreenoval, rassemble près d’un millier d’hectares de plusieurs fermes en petite Beauce et la société AfricaGraines au Sénégal. En 2012, l’entreprise travaille avec près de 70 agriculteurs multiplicateurs, situés entre Angers et Amiens, qui cultivent 500 ha. Son dirigeant ambitionne de devenir un leader de la production de semences dans l’hémisphère Nord. A cette époque, Julien, agriculteur en Loir-et-Cher, se lance dans les porte-graines. A l’automne 2013, il sème 3,5 ha de poirée. Mais en février 2014, l’entreprise est mise en redressement judiciaire.
35 000 € de créance
« Rassurant, François Dobbeleare nous a indiqué que nous serions vite payés. » Un an plus tard, Julien reçoit 20 % de sa créance. Prograines lui doit encore 11 200 €. Dans le même département, Jean-Michel produit régulièrement une trentaine d’hectares de porte-graines. En 2014, un obtenteur lui propose, pour des raisons techniques, de passer un contrat avec ProGraines, déjà en redressement judiciaire. « J’ai hésité, se souvient Jean-Michel. Mais le mandataire garantissait le paiement. Alors, nous avons planté 5,5 ha d’oignons ». Aujourd’hui, il attend 35 000 € de ProGraines. « Avec quatre autres producteurs, nous avons lancé des démarches judiciaires en tant que créanciers privilégiés. Il faudra se montrer patient. » En novembre, les sociétés du groupe Agreenoval ont fait appel des jugements de liquidation. Entretemps, François Dobbeleare cède la présidence et s’envole pour l’Afrique. En avril 2015, le journal béninois La Nation, révèle qu’il envisage l’exploitation de 20 000 ha dans la région de Kétou, pour un investissement de 100 M€. Le week-end dernier, il est intervenu au congrès « Investir au Congo Brazzaville ». Révoltés, les producteurs ne comprennent pas comment il peut encore entreprendre.