L’assureur a expliqué lors d’une conférence de presse lundi, avoir construit un outil entièrement nouveau et qui n’est pas une adaptation de l’assurance récolte conçue pour les grandes cultures. L’idée est de « couvrir un déficit de production de la ration alimentaire », a expliqué Stéphane Gin, directeur assurances agricoles chez Groupama, de manière à ce que l’éleveur soit en mesure de financer une alimentation de substitution, à même de maintenir le troupeau sans décapitaliser.

20 000 petites régions fourragères

Pour évaluer la situation prairiale de chaque exploitation, Groupama va utiliser une approche exclusivement indicielle, l’IPF (pour indice de production de fourrage) à partir de données satellites infrarouge et proche infrarouge fournies par Astrium, celles-ci étant ensuite retravaillées par l’assureur. Il n’y aura pas d’expertise diligentée sur le terrain. 20 000 petites régions fourragères homogènes ont été choisies par Groupama comme maillage de référence et c’est à l’intérieur de ces petites régions que se feront les comparaisons pour établir un diagnostic. Une même exploitation pourra être concernée par jusqu’à 3 ou 4 zones de référence différentes.

La comparaison indicielle témoignant de l’état du couvert végétal et servant à établir l’écart de production se fera à partir de la moyenne olympique de la petite zone sur 5 ans en excluant la valeur la plus basse et la plus haute.

Lors de la souscription qui pourra se faire sur internet (au même titre que de simples simulations), l’éleveur doit renseigner certaines caractéristiques de son élevage (bovins lait, bovins viande, etc.), le nombre d’animaux (recalculé en UGB). Une estimation de ses besoins alimentaires lui est alors donnée en tonnes de matière sèche, sur la base de 4,75 t de MS par UGB. Il indique aussi le mode de production (conventionnel, AOC, bio), un critère qui joue sur le prix des fourrages. Il décrit également les autres ressources fourragères de l’exploitation (maïs ensilage produit, paille achetée, etc.), ce qui permet de déterminer la part qui est assumée par l’herbe dans son besoin fourrager et de fixer derrière cela les capitaux qui seront assurés.

L’éleveur choisit son niveau de protection

Le parcellaire de la ferme est également rentré à partir du fichier Telepac, ce qui permet d’avoir automatiquement les informations de géolocalisation (et notamment savoir à quelle petite région fourragère la parcelle se rapporte) ainsi qu’une distinction avec les cultures.

L’éleveur choisit ensuite son niveau de protection : prix de fourrage assuré (ex 150 €/t de MS), le seuil de déclenchement de l’assurance (ex 30 % de pertes) ainsi que le seuil de franchise (ex 20 %). Certains paramètres du contrat socle prairies doivent être définitivement arbitrés mercredi 9 décembre par les pouvoirs publics à l’occasion d’un comité national de gestion des risques en agriculture (fixation du prix plafond pour les fourrages, niveau de franchise rendant le contrat prairie éligible à la subvention de 65 %). Groupama a indiqué qu’il proposerait également une version de contrat prairies « sur mesure » (pour lequel seule une partie de la cotisation sera subventionnable).

Toutes les prairies de l’exploitation doivent être engagées dans le contrat et pas seulement une partie.

Les souscriptions au contrat prairies seront ouvertes jusqu’au 31 mars. Le suivi du cycle production de l’herbe est prévu du 1er février au 31 octobre.

Afin de donner un ordre de grandeur, Groupama estime à 10 €/ha net (après subvention) la prime d’un contrat prairies avec un capital assuré revenant à 900 € par ha de prairie, 30 % de seuil de déclenchement et 30 % de franchise.

Astrium est l’opérateur qui a été retenu par les pouvoirs publics pour fournir la donnée brute indicielle prairies à tous les assureurs. Quatre sociétés se seraient pour l’instant positionnées pour y accéder

Philippe Pavard