La lutte contre le réchauffement climatique en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre constitue une première raison de stocker du carbone. Mais il en existe d'autres, beaucoup plus visibles pour l'agriculteur. « Augmenter le taux de carbone (C) du sol, c'est augmenter le taux de matières organiques, traduit Claire Chenu, enseignante-chercheuse à AgroParisTech. Elles-mêmes assurent un grand nombre de fonctions essentielles : fertilité chimique et biologique, propriétés physiques du sol... »

Pour rappel, la matière organique permet une bonne stabilité structurale et donc une certaine résistance à la battance. Elle offre une meilleure rétention de l'eau et des polluants. Elle constitue également le garde-manger de tous les organismes du sol, d'où une biodiversité boostée (micro-organismes, vers de terre...).

Finalement, l'agriculteur stocke du carbone sans forcément se le dire tous les jours, comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir.

Dans un tout autre domaine que l'agronomie, stocker du carbone présente un réel intérêt en termes d'image de marque. Cette action qui participe à la lutte contre le réchauffement climatique donne aussi un réel argument aux agriculteurs face aux accusations dont ils sont la cible. Quand vous direz, lors du prochain repas familial, que vous stockez du carbone, ça calmera les griefs de certains !

UNE IMAGE VERTE

L'agriculture est le seul secteur économique à pouvoir stocker du carbone alors autant en profiter. Certains le font déjà, comme la coopérative et acteur agroalimentaire Terrena, basée en Loire-Atlantique (lire l'encadré ci-contre). Elle a lancé, en 2014, la démarche AgriCO2 qui favorise les actions des agriculteurs réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre ou stockant du carbone dans la biomasse et le sol.

Trois avantages à cette démarche : participer à la lutte contre le changement climatique, valoriser les pratiques des agriculteurs et profiter d'une image verte. Ainsi, les produits vendus sous leurs marques (Paysan Breton, Fermier d'Ancenis...) gagnent une image plus « respectueuse de l'environnement ». De quoi attirer de nouveaux clients friands d'une consommation en accord avec la nature.