« J'ai investi dans une cellule sécheuse dotée d'une chaudière de 720 kW à plaquettes afin de mieux maîtriser mes coûts, explique Emmanuel Bonnardot. Avec un maïs à 30 % d'humidité, cela me revenait à 25 €/t pour un séchage en coopérative. Aujourd'hui, je suis à moins de 15 €/t en incluant l'amortissement de mon séchoir et de mes cellules. » L'investissement complet - chaudières, silo, séchoir et cellules de stockage - s'élève à 80 000 €.

Emmanuel est céréalier à Bonnencontre, en Côte-d'Or. Avec l'aide de son salarié, Olivier Monnot, l'EARL des Bruyères exploite 245 ha de céréales, dont une centaine en maïs grain. Toutes les céréales sont stockées dans des cellules situées sur un site à une centaine de mètres du village. Soit au total 1 900 t de céréales, dont 900 t de maïs et le reste en orge et en blé.

ENERGIE PROPRE ET DURABLE

« Pour sécher mon maïs, je me suis tourné vers une solution polyvalente et durable, qui me semble plus rentable qu'un système à gaz. La plaquette de bois coûte moins de 100 €/t. » Emmanuel se fait livrer directement par camion depuis une scierie du Jura, située à une centaine de kilomètres de l'exploitation. La plaquette est livrée avec un taux de matière sèche de 88 à 90 %. « Il faut 230 m3 de plaquettes pour sécher mes 900 t de maïs grain », explique le céréalier. Cela revient à 6 € la tonne de maïs séché, sans compter l'amortissement du matériel. Selon Emmanuel, avec une énergie moins coûteuse au départ, plus le maïs est humide, plus il est compétitif.

UN CONTENU BRASSÉ

La cellule sécheuse a une capacité de 160 t. Le remplissage s'effectue par le haut avec une vis sans fin mobile. Puis un répartiteur rotatif assure un remplissage sur toute la surface. « J'ai concentré mon investissement sur le séchoir et le stockage. Pour la manutention, j'utilise une vis mobile Brandt équipée d'une trémie de réception où sont déchargées les bennes », précise l'agriculteur. Ce qui nécessite un peu de travail mais, pour Emmanuel et Olivier, cela reste très rapide et surtout économique.

Le fonctionnement de la cellule sécheuse Sukup est simple. Le fond est composé d'un plancher plat perforé sous lequel est pulsé de l'air chaud. Le volume de maïs est brassé à l'aide de trois vis sans fin suspendues à un portique rotatif. Son entraînement mécanique est assuré par des moteurs électriques. L'air chaud traverse l'épaisseur du grain sur près de 6 m. L'air saturé en vapeur s'échappe par des évents dans le toit de la cellule.

 

- Le système fonctionne grâce à un échangeur thermique air/air. Le foyer de près de 1 000 °C de la chaudière monte en température l'air qui traverse 80 tuyaux. Ces derniers chauffent celui de la cellule, pulsé à travers le grain par un ventilateur d'une capacité de 25 000 m3/h.

 

- Le principe de la cellule sécheuse est de démarrer le séchage progressivement, pour atteindre une température maximale de 55 °C. « Lorsqu'elle est remplie de grains humides, je débute le cycle à 45 °C pour atteindre 55 °C dès le deuxième jour. » Il faut 4 à 5 jours pour descendre en dessous d'un taux d'humidité de 17 %. « Ce système à basse température me plaît beaucoup car il conserve une très bonne qualité du grain », révèle le céréalier. Emmanuel valorise mieux la vente de ses stocks.

 

- La cellule sécheuse a entraîné une réorganisation du chantier de récolte. Le rendement est faible, comparé à un séchoir continu. Cependant, le maïs est moins fragile que le blé. « Ma campagne de battage du maïs s'étale sur 4 à 5 semaines. Je récolte une première passe pour remplir la cellule sécheuse. Une fois que le taux d'humidité atteint 17 %, je transfère le grain dans une autre cellule pour une ventilation forcée afin de descendre à 15 % d'humidité. Puis je remplis de nouveau mon séchoir en continuant ma récolte, ceci durant 7 ou 8 cycles. Lors du dernier cycle, la cellule sécheuse me sert de stockage. Cela la rend polyvalente. Pour la vidange, elle est dotée d'une vis racleuse sur le plancher perforé.

 

- Le travail se résume à la surveillance. Le système est intégralement automatique. L'agriculteur entre une consigne de 45 ou 55 °C au tableau de commande. Des sondes de températures intégrées dans le flux d'air chaud de la gaine pilotent le dosage des plaquettes dans la chaudière. « Pour ma part, je contrôle le taux d'humidité du grain et je gère avec mon salarié le transfert d'une cellule à l'autre », ajoute Emmanuel.

 

- Si le prix des plaquettes venait à flamber, Emmanuel imagine récupérer les rafles de maïs et les utiliser pour chauffer l'air. En attendant, le séchoir remplit parfaitement sa fonction. L'agriculteur écoule son maïs tout au long de l'année. « J'ai même réussi à développer un autre atelier de production de farine pour les porcs, à base de maïs et de blé que je fabrique sur mon exploitation. Le séchage et le stockage des céréales m'ont redonné de la motivation dans mon métier, avec une gestion de mes céréales du semis à la commercialisation », se félicite Emmanuel.