« Les éleveurs ovins sont amenés à manipuler fréquemment des animaux en effectif important. Et leur taille autorise un portage direct. D'où des risques de coups et de blessures aux mains, aux bras et aux genoux lors des phases d'attrapage. Les problèmes articulaires et les lombalgies sont des pathologies professionnelles pénalisantes. Pourtant, des mesures de prévention peuvent se révéler très efficaces », explique Bernard Borie. Conseiller prévention des risques professionnels à la Mutualité sociale agricole (MSA) du Limousin, il compte parmi les créateurs d'un programme de formation spécifique aux moutonniers. Il a été élaboré entre 2010 et 2012 par la caisse centrale. Depuis, les éleveurs peuvent suivre dans les départements demandeurs une formation (1). Elle est assurée par un binôme composé d'un conseiller MSA et d'un professionnel agricole (technicien de chambre d'agriculture, enseignant...), eux-mêmes préalablement formés.
Arnaud Simons élève 250 brebis et 25 vaches limousines à Peyrelevade (Corrèze). En 2014, il a suivi cette formation de deux jours en compagnie d'éleveurs de haute Corrèze. « Une bonne connaissance de nos animaux nous donne un plus en matière de sécurité et de facilité à les manipuler. » Un border collie bien dressé l'aide au quotidien. Plusieurs aménagements « simples mais efficaces » lui permettent de « s'économiser un peu le dos » : il dispose de cornadis où il bloque les brebis pour pratiquer les inséminations artificielles, d'un couloir d'alimentation central surélevé pour éviter de se baisser trop souvent. Il y stocke foin et l'aliment concentré pour la semaine afin de diminuer les distances de portage. Son parc de tri et de contention extérieur est doté d'un transat de renversement.
« Intégrer le maximum d'aménagements facilitant le travail dès la conception des bâtiments est l'idéal », souligne Bernard Borie. Arnaud Simons avait anticipé le curage au télescopique avec trois larges portes. Depuis la formation, il compte rajouter des abreuvoirs dans sa bergerie afin d'augmenter le nombre de lots et diminuer d'autant la manipulation des barrières. « Cette formation nous a permis d'échanger nos expériences et astuces entre nous », conclut le moutonnier.
Une aide de 400 € leur est attribuée par le service prévention de la MSA afin de diminuer la pénibilité de certaines tâches par un aménagement (cornadis, claies...) ou l'achat d'un matériel (sécateur électrique, brouette d'alimentation...). « Notre objectif est de toucher davantage les jeunes éleveurs, d'intervenir en amont dans les lycées », conclut Bernard Borie.
(1) Outre la prévention des risques liés à l'activité physique et à l'aménagement des parcs de contention, la formation aborde les zoonoses, les risques chimiques et le comportement des ovins.