« Lorsque j'entends dire que les jeunes d'aujourd'hui ne s'engagent plus, ça me révolte ! » Léa ne mâche pas ses mots. Elève en deuxième année de BTS Productions animales au lycée de Tours-Fondettes, en Indre-et-Loire, elle est déléguée de classe depuis le collège. Elle assume aujourd'hui ses fonctions au sein du conseil intérieur de l'établissement, ainsi qu'à l'échelon régional, avec d'autres élèves délégués du Centre. Fin mars, elle présentera sa candidature au Conseil national de l'enseignement agricole (CNEA), pour y porter la voix de ses camarades (lire l'encadré). « Tous les élèves doivent se sentir concernés par la vie de l'établissement car ils y préparent leur avenir. Ils en font partie intégrante », assure-t-elle, ajoutant au passage que « certains y passent plus de temps que les professeurs ».
REMONTÉES DE TERRAIN
Pour Cédric Puisais, son conseiller principal d'éducation, « être délégué est une grande responsabilité ». Outre les conseils de classe et d'établissement, « les représentants d'élèves sont aussi associés au projet d'exploitation du lycée, pour fixer les lignes directrices des cinq ans à venir », illustre-t-il.
Deux fois par an, Léa retouve les autres délégués régionaux « pour discuter de thèmes définis à l'avance, comme la violence par exemple, et pour faire remonter les difficultés de terrain : périodes de stage insuffisantes, problèmes d'isolation des internats, manque de matériel informatique... » Un véritable exercice démocratique qui forme à « l'ouverture d'esprit, la prise de parole en public et l'acceptation des compromis », apprécie-t-elle.
Reste que cet engagement lui prend beaucoup de temps. Y compris sur les heures de cours, ce qui n'est pas toujours du goût des professeurs, certains n'en voyant pas l'intérêt. « Le délégué n'est pas un représentant syndical. Il ne fait pas de politique mais porte des projets », leur répond Florient Theulet, étudiant au Legta de la Lozère et délégué au CNEA. Ces projets peuvent être divers, de la promotion de l'enseignement à la proposition de nouvelles matières. Originaire de Perpignan où l'on parle Catalan, Florient a ainsi suggéré l'apprentissage de langues régionales en option. « Ce programme est compliqué à mettre en place car il necessite des heures de cours supplémentaires et des professeurs volontaires. Mais au moins l'idée est lancée ! »
De son côté, Léa est motivée par la communication autour des métiers de l'agriculture. A tel point qu'elle envisage de poursuivre cette cause après la fin de ses études. Cela tombe bien : « Le monde agricole a besoin de jeunes engagés qui se bougent pour l'avenir du secteur, soutient Flavien Savary, ancien élu au CNEA et aujourd'hui salarié sur l'exploitation familiale. D'autres l'ont fait avant nous. Prenons leur suite ! »