« Une formation au pâturage tournant dynamique (PTD), que nous avons suivie en 2011, nous a convaincus de l'utilité de cette technique pour nos 130 prim'holsteins. Sur notre exploitation, 28 ha sont potentiellement accessibles, soit 21,5 ares par vache. Avec le jeu des rotations, 22 ha sont en herbe à un moment donné, soit moins de 17 ares par vache.
Nous avons divisé la taille des paddocks par deux dans l'objectif de mieux valoriser l'herbe. Nous avons 22 paddocks d'un hectare chacun en moyenne. Nous les avons également redessinés. Ils étaient en longueur dans le sens de la pente. Du coup, les fonds de parcelles étaient moins pâturés que le haut. Cela nous obligeait à broyer régulièrement. Maintenant, les paddocks sont perpendiculaires à la pente et nous voyons les effets sur l'ingestion.
La conduite de l'herbe est une culture comme une autre. Avant, les vaches pouvaient rester une semaine sur le même paddock. Nous n'avions pas réellement de réflexion sur la conduite de l'herbe. Maintenant, nos animaux ne restent pas plus de 2 jours sur une parcelle, pour ne pas puiser dans les réserves de la prairie. Il faut veiller à ce que la gaine de la graminée ne soit pas ingérée. Nous attendons que le ray-grass anglais soit au stade 3 feuilles et qu'il soit haut de 13 à 14 cm pour mettre les vaches dans un paddock. Nous attendons au moins trois semaines pour y revenir, le temps nécessaire pour que la prairie se refasse. Quand il y a une forte pousse d'herbe, notamment en mai, nous recoupons les paddocks en deux.
Nous observons une meilleure production d'herbe depuis que nous pratiquons le PTD, ce qui nous permet de faucher davantage pour nourrir les génisses. De plus, nous constatons moins de manque d'herbe pendant les périodes de sécheresse. Autre avantage, nous n'avons plus de chardons à broyer ni d'herbe sous les fils à couper à la faucille. En modifiant notre conduite du pâturage, nous sommes passés de 7 t de MS d'herbe par hectare à près de 10 t. Et c'est une herbe de bien meilleure qualité. Quand il n'y en a pas assez, il faut savoir réduire le temps de pâturage, voire laisser les animaux dans le bâtiment. Maintenant, le plus dur à gérer est lorsqu'il y a trop d'herbe. Quand cela arrive, nous fauchons pour faire du foin, de l'enrubannage ou de l'ensilage en fonction de la météo.
L'utilisation du trèfle blanc associé au RGA limite les apports d'azote. Avant, nous faisions quatre passages de 120 kg par an. Cette année, nous nous sommes fixé comme objectif de n'en faire que deux.
Après deux saisons de PTD, le seul regret que nous pourrions avoir est de ne pas l'avoir fait plus tôt. Il nous reste encore à apprendre sur la culture de l'herbe pour l'utiliser au mieux. Nous avons déjà économisé 3 t de soja par an et les prairies vieillissent mieux qu'avant.
Cette gestion nécessite qu'une seule personne s'occupe du planning de pâturage, sinon nous avons vite fait de nous perdre. Celle-ci donne les instructions aux autres associés. L'idéal serait de prévoir le planning d'une semaine sur l'autre. Le sens de pâture est déterminé aussi de façon à ce que deux paddocks à proximité soient disponibles les week-ends. »