Les paies de lait pour le mois de mai arrivent dans les élevages au gré des tournées de collecte. Dans l'ensemble, les industriels devraient se plier aux recommandations des interprofessions laitières régionales. Seul Entremont Alliance s'écarte de l'accord. L'entreprise «n'a pas les moyens de rémunérer ses producteurs plus de 205 €/1.000 l», ont expliqué Yannick Perquis et Gilles Bars, les président et vice-président d'Eolys, le 15 juin à Guingamp (Côtes-d'Armor).
Les deux dirigeants d'Eolys, qui représentent le tiers des 6.000 éleveurs bretons livrant à Entremont, ont démenti la rumeur d'un éventuel dépôt de bilan qui circule depuis plusieurs semaines. L'entreprise réfléchit à un partenariat avec d'autres groupes laitiers, comme Sodiaal et Lactalis.
Cibler les aides
En attendant, «il faut sortir de l'impasse les 6.000 producteurs d'Entremont», a martelé Gilles Bars. Avec Yannick Perquis, il demande que l'aide de l'Etat soit prioritairement accordée aux producteurs dont la paie dépend le plus des débouchés du beurre et de la poudre. Ils appellent aussi à mettre en place une caisse de péréquation pour limiter les écarts de prix d'une entreprise à l'autre.
Ils proposent de mutualiser les excédents de lait avec les autres industriels et d'avancer rapidement sur le dossier de la contractualisation. «Les producteurs Entremont paient pour tous la dérégulation des marchés. La filière doit être solidaire, sinon ça se passera mal pour tout le monde», préviennent-ils. Le 17 juin, les éleveurs bretons livrant à Entremont ont décidé de se fédérer en association.
L'affaire Entremont alimente les inquiétudes des producteurs qui craignent un effet "tache d'huile". Parmi les mécontents des niveaux de prix entérinés par la FNPL, certains multiplient les signes de défiance vis-à-vis du syndicalisme majoritaire. En témoignent la poursuite des actions dans de nombreux départements et la montée en puissance de l'Association des producteurs de lait indépendants, qui multiplie les réunions.
Pour lever les blocages, la grande distribution a fait quelques gestes. En Basse-Normandie, le préfet a réuni producteurs, industriels et distributeurs le 11 juin. Résultat, cinq enseignes se sont engagées «à ne pas renégocier à la baisse les prix d'achat des produits laitiers jusqu'au 31 décembre 2009, sans pour autant augmenter les prix de vente aux consommateurs». En Bretagne, à l'issue d'une cellule de crise le 11 juin à Rennes, Leclerc et Système U Ouest ont proposé de reverser 0,10 €/l de consommation aux producteurs du canton.
Dans la plupart des régions, une baisse de 57 €/1.000 lLa plupart des interprofessions régionales se basent sur l'accord national, qui prévoit une baisse du prix du lait de 57 €/1.000 l sur 2009 par rapport à 2008 (1). La flexibilité s'applique ensuite. Bretagne-Pays de la Loire: 249,57 €/1.000 l (246,60 pour la grille optionnelle) en mai et 251,09 €/1.000 l (264,60 pour la grille optionnelle) en juin. Basse-Normandie: 250,04 € en mai et 251,57 € en juin. Haute-Normandie: 279 € en mai et -57 € sur l'année. Nord-Picardie: - Aisne, Avesnois et Ardennes (grille Gilna): 246,72 € en mai, propositions à 260 € en juin, 285 € en juillet et -54,77 € sur les mois restants. - Flandre-Artois (grille Cilfa): 262 € en mai. - Somme et Oise : grille de la Haute-Normandie. Sodiaal et la VPM (250 € pour mai) ont leurs propres grilles. Grand Est (Champagne, Bourgogne, Lorraine, Alsace, Franche-Comté): 280 € en mai. Ile-de-France (Seine-et-Marne): sur mai et juin -57 € par rapport au même mois de 2008 et une moyenne de 280 € prix de base sur 2009. Les producteurs réclament qu'aucune flexibilité ne soit appliquée. Centre: pas de grille. Charentes-Poitou: autour de 260 € en mai et juin, sans flexibilité. Auvergne-Limousin: une réunion est prévue le 23 juin. 3A applique 260 € hors flexibilité. Rhône-Alpes: 270 € en mai, hors flexibilité. Sud-Ouest: pas de grille unique, mais les entreprises ont annoncé environ 250 € en mai (sauf 3A à 268 €) et 256 € en juin. _____ (1) Le prix du lait pour 2009 annoncé dans l'accord national (280 €/1.000 l) résulte d'une baisse de 57 € appliquée au prix moyen payé au producteur en 2008 (337 €, toutes primes et toutes qualités confondues). La fourchette basse de 262 € inclut la flexibilité maximale de 18 €, à raison de 2 € déduits par tranche de 2,5% de produits industriels (PI) dans le mix-produit, dans une fourchette de 20 à 40% de PI. |
Vers la maîtrise des volumes Michel Barnier a annoncé le 12 juin un taux maximal d'allocations provisoires de 0%, susceptible d'être révisé en fonction des marchés. Il a également confirmé le gel de l'augmentation de 1% du quota national, prévu pour la campagne 2009-2010 dans le cadre du bilan de santé de la Pac. |