Sans réelle surprise, les dégâts dus au loup ont encore pris de l'ampleur en 2014. Au 30 novembre (1), le nombre d'animaux tués dans l'Hexagone atteignait 8 428, soit plus de 2 000 de plus qu'en 2013 à la même période.

 

- En Paca. Les Alpes-Maritimes paient toujours le plus fort tribut, avec 2 595 victimes. C'est une trentaine de plus que l'année dernière. « Cela représente pratiquement trois constats par jour, souligne Jacques Courron, président de la Fédération départementale ovine. Nous essayons tant bien que mal de faire face. Mais nous sommes tous à bout de nerfs. » Les élevages perdent 15 à 20 % de leur cheptel chaque année dans le département. « Sans compter les bêtes stressées, qui ne se reproduisent plus, insiste-t-il. Les constats de l'arrière-saison n'apparaissent pas encore dans les relevés, mais en raison de la météo, ils risquent d'être catastrophiques. Avec la pluie, les attaques ont redoublé et les conditions de garde étaient exécrables. » Car en présence du prédateur, il n'est plus question de rentrer s'abriter dans la cabane.

Dans la région, la progression du nombre de victimes atteint 60 % dans les Hautes-Alpes et 30 %, les Alpes-de-Haute-Provence et 20 % dans le Var. A eux trois, ces départements concentrent près de 3 000 animaux domestiques morts.

 

- En Rhône-Alpes. Les dommages augmentent en flèche aussi. L'Ardèche compte 248 victimes, contre 31 l'année dernière. En Isère, 1 042 animaux ont péri, dont près de 400 dans un dérochage. Les pertes atteignent 619 animaux en Savoie, contre 422 en 2013.

- Dans le Nord-Est. La Meuse, qui a fait son entrée dans le palmarès l'année dernière voit ses chiffres s'envoler également : 179 victimes, contre 6 en 2013. « Nous comptons désormais deux foyers, note Daniel Dellenbach, de la Fédération nationale ovine. L'un dans le centre du département, et l'autre dans le sud. Nous avions espéré que le loup qui sévissait dans le centre soit parti à la recherche d'un autre secteur, car les attaques avaient cessé au mois d'octobre, mais elles viennent de redémarrer début décembre. » D'autres départements, comme la Moselle, font désormais partie des statistiques. La pression s'est ralentie dans l'Aube, la Haute-Marne et dans les Vosges. « Beaucoup d'éleveurs dans notre département ont mis en place des moyens de protection (filets, patou), indique Dominique Candau, conseiller ovins à la chambre d'agriculture des Vosges. Certains producteurs de lait rentrent leurs animaux pour la nuit. »

 

- Massif central et Pyrénées. La zone compte de nombreux nouveaux secteurs touchés par rapport à 2013. L'Aude fait une entrée avec 174 victimes. L'Aveyron, le Cantal, le Gard, et la Haute-Loire, ont enregistré des attaques. En Lozère, les dégâts progressent. Trois groupements pastoraux sont très remontés contre l'administration. Leurs représentants s'étaient rendus à la DDT vendredi 12 décembre, pour contester les résultats d'expertises de cet été. « Les experts n'ont pas validé toutes les attaques de cet été comme étant celle d'un loup, mais celle d'un grand canidé, indique Bernard Grellier, président des groupements pastoraux Gard-Lozère. Au-delà de l'indemnisation, nous souhaitons la reconnaissance de notre travail. Toutes les attaques ont eu lieu en plein jour et en présence du berger. Nous aimerions que, dans une telle situation, le doute profite à la victime. »

 

- Perspectives. « Si la pression est toujours aussi importante, c'est parce que l'on ne régule pas assez la population de loups, se désole Michel Dessus, président de la chambre d'agriculture des Alpes-Maritimes. Nous avons fait le tour des moyens de protection. Les prédateurs finissent toujours par les contourner. La situation ne s'améliorera pas tant que l'on ne régulera pas fortement les effectifs de prédateur. » Dans ce département, les jeunes ne s'installent plus en ovins viande.

Le constat est le même en Lozère. « Certains commencent même à changer de production », précise Julien Tufféry, président de Jeunes Agriculteurs dans le département. Une jeune éleveuse vient d'abandonner sa troupe de brebis pour augmenter son cheptel de bovins viande. « Je m'inquiète aussi pour l'évolution de l'entretien des surfaces sur le mont Lozère, poursui-til. Beaucoup d'éleveurs ont réduit leur saison d'estive cette année. Reviendront-ils l'année prochaine ? Ce n'est pas sûr. Le terrain deviendra alors propice aux incendies. Quel sera l'avenir de notre site classé au patrimoine mondial de l'Unesco ? »

Des maires des communes rurales s'inquiètent. Nombre d'entre eux ont déjà signé une motion qui dénonce les difficultés rencontrées par les éleveurs en zone de prédation, à l'initiative de l'association Eleveurs et montagnes. Ils exigent, entre autres, une régulation opérationnelle et un « déclassement du loup de la convention de Berne et de la directive « habitat », de façon à sécuriser le cadre juridique facilitant la régulation des loups. »

(1) Selon la direction départementale des territoires (M)-DREAL Rhône-Alpes..