Pour la plupart des observateurs, il y aura un avant et un après Sivens. Le blocage du site tarnais, sur lequel devait se creuser une retenue d'eau de 1,5 million de m3 sur la rivière Tescou, une « mare aux canards » à l'échelle des retenues du bassin Adour-Garonne, a fait la « Une » des médias pendant de longues semaines. Attaqué par une virulente campagne de désinformation et présenté comme un barrage qui allait détruire une forêt et une zone humide, le projet a été stoppé brutalement. Sur le site, des « zadistes » campent depuis des mois pour protéger cette « zone à défendre ». Les habitants alentours ont été évacués, les agriculteurs reçoivent des menaces. L'éleveur qui a perdu le foin des prairies occupées par le campement a été secouru par ses collègues qui lui en ont offert 6 t.
TOURNURE DRAMATIQUE
La situation prend une tournure dramatique lorsqu'à la fin d'une manifestation, un jeune écologiste est tué par une grenade lancée par un gendarme. Les travaux sont alors arrêtés et Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, dépêche sur place deux experts pour reprendre tout le dossier. Ceux-ci rencontrent « une demi-douzaine d'agriculteurs potentiellement concernés », en concluent que quarante d'entre eux seulement auraient besoin d'eau et que le projet « est surévalué ». Cerise sur le gâteau, la Commission européenne ouvre, fin novembre, une procédure d'infraction, soupçonnant les autorités françaises de ne pas avoir tenu compte de la possible détérioration de l'état écologique de la masse d'eau. Deux experts sont à nouveau nommés par le ministère. Ils créent un comité de pilotage qui regroupe les chambres d'agriculture et les conseils généraux du Tarn et du Tarn-et-Garonne, ainsi que France Nature Environnement et le Collectif Testet opposés au projet. Mais pas de riverains. En revanche, ils invitent les agriculteurs intéressés par l'eau de la retenue et se retrouvent avec... près d'une centaine de personnes ! Les experts doivent rendre leurs nouvelles conclusions le 19 décembre prochain et la France répondre à la Commission européenne d'ici à fin janvier. Les zadistes, eux, campent toujours sur place.