C'est une année noire qui s'achève pour le secteur français de l'abattage. Deux entreprises ont fait les frais des difficultés que connaissent leurs filières : Gad et Tilly-Sabco. La première a fini par rendre officiellement les armes devant l'embargo russe, la seconde à cause de l'arrêt des restitutions à l'exportation de poulet. D'autres entreprises sont en difficulté, comme l'abattoir AIM en Normandie, qui a bénéficié d'un soutien des collectivités territoriales.

DANS LES MAINS D'INTERMARCHÉ

Gad appartient maintenant à la filiale d'abattage des Mousquetaires. C'est sans doute une chance, puisque cela s'accompagne d'investissements importants, dont il apparaît évident qu'il ne tournera pas au maximum de ses capacités. Qu'il semble loin le temps où la France produisait 25 millions de porcs par an. Avec l'abattoir de Kerméné, elle compte maintenant deux opérateurs adossés à la grande distribution dans cette filière. Reste à voir si la reprise de Gad remettra en cause les contrats d'Intermarché avec ses autres fournisseurs.

Dans le secteur avicole, Doux semble laisser derrière lui ses soucis. Ses nouveaux dirigeants s'emploient à le faire savoir. La restructuration du groupe et le redressement de la parité entre l'euro et le dollar permettent visiblement au géant du poulet « grand export » de redresser ses comptes. A un point même qu'un de ses fournisseurs, la coopérative UKL-Arrée, annonçait en septembre dernier chercher de nouveaux éleveurs capables de produire pour le volailler finistérien.

De son côté, Tilly-Sabco a trouvé un ou plutôt des repreneurs : le britannique MS Foods, le fonds Breizh Algae Invest et la chambre de commerce et d'industrie. Leur projet est visiblement axé sur des produits avec davantage de valeur ajoutée. Reste la question de la reconquête du marché intérieur français. Aujourd'hui, 40 % du poulet consommé en France est importé. C'est là le vrai problème de fond de la filière. Un problème que LDC et Sofiprotéol ont visiblement choisi de prendre à bras-le-corps. Le bras financier de la filière oléoprotéagineuse a décidé de céder son activité volaille à LDC. En échange, il devient un partenaire privilégié du groupe volailler pour la fourniture d'aliment. Reste à moderniser les outils et à re-structurer l'ensemble pour produire et abattre quelques millions supplémentaires de poulets en France. Les regards se tournent maintenant vers Gastronome, la filiale de Terrena dont tout le monde se demande quelle alliance elle pourra nouer pour renforcer ses fondations.

Tous ces mouvements traduisent la fragilité d'un certain nombre d'entreprises françaises du secteur de l'abattage. Voilà quinze ans qu'il se dit que la Bretagne compte un abattoir de porc de trop. Ces derniers temps, il était davantage question de deux. La plupart des discussions engagées en vue de rapprochement n'ont rien donné. La restructuration se fait à marche forcée, dans les larmes et dans le sang. En attendant, aucun géant français n'émerge dans le paysage européen ou mondial de l'abattage !