Le 31 mars prochain, la filière tournera une page de son histoire, celle des quotas laitiers et de trente ans de gestion administrée de la production. Portés par une conjoncture favorable jusqu'en milieu d'année, les éleveurs ont préparé cette étape : le cheptel français a renoué avec la croissance. Au 1er septembre 2014, l'Hexagone comptait 97 500 femelles laitières de plus qu'en septembre 2013. Et même si, comme le remarque FranceAgriMer dans sa dernière note de conjoncture, le nombre de femelles âgées de 24 à 36 mois recule (- 0,8 %), celui de vaches bondit de 1,4 %. Les génisses de moins de 2 ans sont elles aussi nettement plus nombreuses : + 3,0 %. Ce n'est pas sans faire des vagues sur le marché de la viande, dès que celui des produits laitiers s'enrhume, conduisant à des réformes en masse.

APPRENDRE À GÉRER LA VOLATILITÉ

Les négociations sur le prix du lait s'annoncent tendues. Les industriels ne cachent pas que le début d'année sera difficile. Certains, comme Bongrain, ont déjà amorcé la baisse. Dès que des discussions sur cet aspect des contrats s'engagent, les organisations de producteurs n'arrivent pas à imposer leur point de vue. Le rapport de force n'est toujours pas équilibré. La chute des cours mondiaux des produits laitiers, amplifiée par l'embargo russe, pose une question : sans quota, comment l'Europe gérera-t-elle l'impact de la volatilité sur ces marchés mondiaux ? Il y a belle lurette que les outils de gestion de crise ont été détricotés, rendant ainsi la politique des quotas inefficace. Et le niveau actuel de l'intervention n'est pas suffisant.

La mise en place d'un observatoire communautaire est sans doute un pas en avant. Mais après ? Certains ont visiblement des idées. Le 27 novembre, Euronext a annoncé le lancement de trois contrats à terme au printemps prochain. Seront concernés le beurre, la poudre de lait écrémé et celle de lactosérum. Euronext a déjà tenté l'expérience et retiré une offre sur les poudres. Aujourd'hui, elle fait le pari qu'avec la fin des quotas, les industriels de la transformation seront davantage enclins à utiliser ce genre d'outil pour se mettre à l'abri des sautes d'humeur du marché. L'avenir le dira. Peut-être se montreront-ils plus intéressés que par le pacte laitier proposé par la FNPL (1). Les industriels ne l'ont pas signé. Ni Jeunes Agriculteurs d'ailleurs.

(1) Fédération nationale des producteurs de lait.