«Il faut que la grande distribution joue le jeu du patriotisme alimentaire », a prévenu le Premier ministre, Manuel Valls, à l'ouverture des négociations commerciales pour 2015, le 20 octobre. Trois jours plus tard, une énième table ronde se tenait au ministère de l'Agriculture pour mettre en garde les acteurs de la filière contre les dangers de leur guerre des prix. « Quarante représentants professionnels, cinq minutes chacun, un communiqué de presse diffusé avant même le début de la réunion... et c'est reparti pour un tour », ironisait alors Michel-Edouard Leclerc. Qui a tout de même promis de ne pas « jouer les gros bras » cette année. De même que Georges Plassat, PDG de Carrefour, selon qui « la période demande d'être plus intelligent, en nouant des partenariats dans la durée avec les industriels ».

Au-delà des discours, la concurrence reste vive entre les enseignes. Personne ne veut risquer de se faire distancer. Auchan et Système U, puis Casino et Intermarché, ont décidé de regrouper leurs achats. Objectif : faire contrepoids aux deux « gros » du marché, Leclerc et Carrefour. « Nous n'avons pas l'intention d'avoir la même attitude que les autres », promet Serge Papin, patron de Système U.

Pas de quoi rassurer la FNSEA ou les industriels de l'Ania. Ni même le gouvernement, qui a saisi l'autorité de la concurrence pour avis sur ces alliances. A cette initiative s'ajoute une surveillance accrue de la puissance publique, puisque le décret renforçant les sanctions administratives à l'encontre des enseignes abusant de leur force est sorti le 2 octobre. Un comité de suivi des pratiques commerciales a été créé, pour vérifier que le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) ne devienne pas un argument au service de la guerre des prix. Il veillera à la bonne application de la clause de renégociation des prix en cas de hausse des matières premières.

NOUVEAU LABEL

Pour compléter cet élan de bonnes intentions, Stéphane Le Foll et Pierre Pelouzet, médiateur national des relations interentreprises, ont lancé le 6 novembre un label « Relations fournisseur responsables », fondé sur une charte de bonnes pratiques. La démarche est soumise au bon vouloir des acteurs de la filière. Au final, le choix reviendra au consommateur de faire ses courses chez une enseigne « responsable », plutôt qu'une autre... Les premiers labellisés sont attendus pour l'été 2015.