Les consommateurs veulent des produits locaux de qualité. La vente directe serait même un modèle d'avenir pour 83 % d'entre eux, selon des sondages Ipsos publiés l'hiver dernier. Un marché en pleine expansion pour les agriculteurs. Les freins restent cependant nombreux : manque de visibilité des producteurs, contraintes de temps et de logistique, manque de compétences marketing, poids des investissements... Mais la profession s'organise. Les colloques et journées de formation se multiplient dans les réseaux Bienvenue à la ferme, Trame, AFOCG (1), Civam (2).
L'INITIATIVE DES COOPS
Concentrées jusqu'à présent sur la production et la transformation, les coopératives s'y mettent aussi, bousculant les modèles de distribution bien établis dans la filière. L'aveyronnaise Unicor (5 000 fermes, 313 M€ de chiffre d'affaires) et l'union InVivo (223 coop, 6 milliards d'euros de CA) ont ouvert cet automne leurs premiers magasins. Un à Herblay, aux portes de Paris, « Les halles de l'Aveyron », et l'autre à Portet-sur-Garonne, près de Toulouse, « Frais d'ici ». De véritables supermarchés alimentaires proposant 2 500 références sur plus de 500 m2 de surface de vente. Déjà détentrice des Gamm vert, InVivo voit grand, puisqu'elle ambitionne d'ouvrir 15 à 20 magasins de ce type par an ! Se pose alors la question de savoir jusqu'où ces structures pourront aller au nom de la rentabilité économique sans renier leur identité agricole. A défaut, comment différencier un magasin de coopérative d'un commerce porté par une enseigne spécialisée dans la distribution locale, telle que O'Tera dans le Nord ou Ecomiam en Bretagne ?
Cependant, ces initiatives de distribution à grande échelle ne sont pas sans risque. Avant les grands distributeurs, ce sont les producteurs concentrés sur de petits débouchés (marchés, paniers...) qui pourraient bien souffrir en premier de cette nouvelle concurrence...
En matière de structuration du marché, la restauration collective n'est pas en reste. Des plates-formes logistiques expérimentent avec succès l'approvisionnement des cantines. C'est le cas d'Agrilocal 63, actif depuis deux ans dans le Puy-de-Dôme et dont le modèle se décline dans une vingtaine d'autres départements. Autre exemple en Picardie, où la société Somme produits locaux, qui regroupe une trentaine d'agriculteurs, a remporté cet été un appel d'offres pour approvisionner la cuisine centrale d'Amiens pour les trois prochaines années.
Quant aux gestionnaires de cantine, le ministre de l'Agriculture a publié le 2 décembre un guide pratique pour faciliter leurs démarches d'approvisionnement local. Son objectif : mettre en lumière les leviers déjà mobilisables dans le code des marchés publics, pour ne pas s'arrêter aux complexités juridiques apparentes. Un autre axe de développement des circuits courts promis à un bel avenir, pourvu que chaque acteur sache s'adapter.
(1) Associations de formation collective à la gestion. (2)Centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural