Certains clichés ont la vie dure. Dans l'application des mesures de verdissement, l'administration allemande est restée fidèle à sa réputation tatillonne. Alors qu'en France, une partie des éléments paysagers est prise en compte en mètre linéaire avec un coefficient, les agriculteurs allemands doivent les mesurer scrupuleusement en mètres carrés.

DES EFFETS INSUFFISANTS

« C'est bureaucratique et parfois, il est difficile d'être précis », critique Udo Hemmerling, secrétaire général adjoint du DBV, le principal syndical agricole outre-Rhin. De même, il regrette le manque de flexibilité des combinaisons retenues, au niveau national, pour les cultures intermédiaires autorisées en SIE (surfaces d'intérêt écologique). Dans l'ensemble pourtant, le verdissement ne devrait pas coûter beaucoup d'efforts aux exploitants allemands.

Greenpeace Allemagne, comme les chercheurs de l'institut Thünen, dépendant du ministère fédéral de l'Agriculture, arrivent à cette conclusion. « Nous ne prévoyons pas de mise à disposition supplémentaire de SIE », estimaient ces derniers déjà en avril. Avant de donner le coup de pied de l'âne : « Les effets du verdissement sur la diversité biologique seront restreints et en aucun cas suffisants pour atteindre les objectifs allemands de biodiversité. » Une utilisation plus ciblée du 1,5 milliard d'euros consacré au verdissement pour la période 2014-2020, en complément de mesures environnementales, serait plus efficace, concluaient-ils.

Les argumentaires sont déjà prêts pour l'évaluation du dispositif, en 2016, au niveau européen. Le DBV veut protester contre les différences de mise en oeuvre entre les Etats. Son syndicat a dans le collimateur l'obligation de prévoir une surface de remplacement pour convertir une prairie permanente. « C'est une des réglementations les plus sévères », estime Udo Hemmerling. « Dans deux ans, on ne pourra pourtant pas voir les effets écologiques », observe Martin Hofstetter, expert chez Greenpeace.