Avec un rendement moyen évalué à 107 q/ha en 2014 en France, le maïs ne cesse de battre des records. Certaines moyennes s'élèvent à 140-150 q/ha, voire 170 q/ha. « C'est une plante hybride qui bénéficie pleinement des progrès récents en matière d'agronomie et de biotechnologie. Son amélioration variétale ne semble pas connaître de limites », écrit Jean-Paul Renoux, de l'AGPM (Association générale des producteurs de maïs), dans son livre « Le maïs : une plante pour l'intensification écologique » (1). « Le maïs en a encore "sous le pied" », aime à dire Alain Charcosset, directeur de recherches à l'Inra du Moulon (Essonne), et responsable scientifique du projet Amaizing (lire page 48).
Toutes les études sont unanimes. Ainsi, des travaux du Géves conduits en 2004 et complétés en 2014 avec les variétés inscrites au catalogue jusqu'en 2011, soit un suivi de trente ans, montrent qu'au niveau du rendement, le gain moyen est d'environ 0,18 t/ha/an pour les variétés fourragères, tandis qu'en maïs grain il est évalué à 1,17 q/ha/an, dans tous les groupes de précocité.Des chiffres cohérents avec les études d'Arvalis menées par Josiane Lorgeou, dans le cadre du réseau des essais variétés en postinscription. « Ils font ressortir une évolution réelle de l'offre génétique », observe la spécialiste. Le progrès en maïs grain de 1986 à 2011 est en moyenne de 1,2 q/ha/an. Ce qui a permis de minimiser le ralentissement du rendement observé depuis 1990 (voir le tableau ci-contre) à cause du réchauffement climatique, des contraintes d'irrigation et de protection des cultures. « Dans la période récente, l'essentiel de l'amélioration des rendements est apporté par la génétique et il a été correctement transmis aux agriculteurs », souligne Jean-Paul Renoux.
PLUS RAPIDE POUR LES PRÉCOCES
Arvalis montre par ailleurs que le progrès génétique a été plus rapide pour les segments les plus précoces en grain comme en fourrage, que sur le matériel plus tardif. Le gain génétique a ainsi été de 1,35 q/ha/an entre 1986 et 2011 pour les variétés très précoces en grain, et de 1,39 pour les précoces, contre par exemple 1,05 pour les demi-tardives. « Mais les segments les plus précoces partaient d'un niveau de rendement plus bas, la sélection étant plus récente, explique Jean-Paul Renoux. Il y a peut-être aussi un effet géographique, le Nord (où sont testées les variétés précoces) étant plus favorisé par le réchauffement climatique que le Sud. Les agriculteurs du Sud compensent ce léger handicap par des semis plus précoces et des variétés plus tardives. « Ces dernières obtiennent un rendement supérieur en grains de 0,5 à 2,5 q/ha par point de tardiveté, lorsque les dates de semis et les températures de l'année permettent de les valoriser, note Josiane Lorgeou. Un avantage toutefois contrebalancé par le surcoût dû au séchage. »
Ces résultats illustrent le progrès génétique et l'évolution de l'environnement « qu'il est impossible de dissocier », souligne le conseiller technique de l'AGPM. Ainsi, les variétés précoces cultivées au nord d'une ligne Nantes-Strasbourg ont bénéficié pleinement des effets du réchauffement global (+ 1,5 °C en moyenne sur l'année), avec des étés et des printemps plus chauds. Tandis que les maïs du Sud étaient globalement handicapés par le réchauffement. Jean-Paul Renoux explique : « A précocité égale, l'augmentation de la température a un effet négatif en raccourcissant la durée de la phase de remplissage du grain. »
(1) Paru en octobre aux Editions France agricole, 448 pages, 65 € TTC.