Compte tenu du climat des dernières semaines, la pression des maladies risque d'être conséquente en 2015, notamment en ce qui concerne la rouille jaune. Il faudra donc baser l'appréciation du risque en fonction du climat de la campagne en cours et de la sensibilité variétale pour construire son programme. « Par exemple, la variété Trapez, très sensible à la rouille jaune, aurait été semée dans des proportions importantes cet automne », rapporte Arvalis.
Le prix des spécialités intervient également dans la réflexion : il est nécessaire d'adapter les doses en fonction de la pression. En se basant sur un prix moyen du blé à 16 €/q et une nuisibilité moyenne de 20 q/ha, Arvalis estime que le budget devrait atteindre 70 €/ha pour une protection de qualité sur septoriose et rouille brune. Si d'autres maladies venaient s'y ajouter, la dépense intégrerait ces risques et évoluerait en conséquence.
PRÉCONISATIONS ENTENDUES
Présents depuis quatre années, les fongicides de la famille des SDHI, appelés aussi carboxamides, feront partie de la stratégie de la campagne 2014-2015. Les surfaces de blé tendre ayant reçu en 2014 un traitement à base de SDHI atteignaient 65 %, contre 58 % l'année précédente. Les parcelles qui ont reçu deux fois ce type de spécialités ont légèrement diminué (4 %, contre 5 %).
« Nos préconisations ont été entendues », se félicite Jean-Yves Maufras, d'Arvalis. En effet, l'institut rappelle tous les ans que « diversifier les modes d'action et les substances actives reste l'un des moyens les plus sûrs de ralentir la pression de sélection » (lire l'encadré ci-dessous). Ainsi, il est recommandé de ne pas utiliser plus d'un prochloraze, d'une strobilurine et d'un carboxamide par campagne. En outre, il est conseillé d'alterner les triazoles au cours de la saison. « Evitez d'utiliser deux fois la même matière active », insiste l'institut. Pour 2015, il est toujours préconisé d'utiliser un seul SDHI dans le cadre d'un programme à deux ou trois traitements.
T0-T1 « Les autres solutions ne sont pas pour autant disqualifiées », rappelle Arvalis. Par exemple, les triazoles éventuellement associées à des strobilurines sont recommandées en T0 au stade épi 1 cm sur rouille jaune. Elles seront relayées si besoin toutes les trois semaines.
En forte présence de piétin verse, le T1 (1 à 2 noeuds) associera métrafénone et ciprodinil. Sur septoriose, les triazoles seront combinées à du chlorothalonil (fongicide multisite avec risque limité de résistance) pour renforcer leur efficacité.
Toutefois, la réglementation sur l'époxiconazole changera début 2015 (lire l'encadré p. 49). Cette molécule ne pourra plus être associée (sauf mélange autorisé) alors qu'elle l'était couramment avec des régulateurs, des herbicides ou d'autres fongicides. Or, avec 88 spécialités à base d'époxiconazole sur le marché et plus de 5 millions d'hectares concernés en 2014, il s'agit de la substance active la plus utilisée en fongicides céréales. C'est une matière active avec un très bon rapport efficacité-prix sur le complexe septoriose-rouilles.
SDHI CONTRE SEPTORIOSE
« Osiris Win accompagné de prochloraze, un des mélanges les plus couramment appliqués, ne pourra plus être mis en oeuvre, informe Arvalis. L'époxiconazole va certainement perdre le marché du T1. » Il pourrait y avoir substitution avec Adexar, Librax ou Ceriax. Pourtant, cette dernière spécialité présenterait l'inconvénient de mettre une strobilurine là où il n'y en a pas toujours besoin. De plus, ces trois fongicides sont composés d'un SDHI, le fluxapyroxad, plutôt recommandé en T2.
T2 Les SDHI doivent être positionnées du stade dernière feuille à épiaison. L'institut explique : « Ces molécules n'ont pas d'activité marquée sur la fusariose de l'épi, leur place n'est donc pas en T3. » En revanche, elles pourraient être utilisées sur le segment des T1. Cependant, dans le cadre de la diversification des modes d'action, il est préférable de s'orienter vers d'autres molécules en début de campagne. Les triazoles seront donc associées aux SDHI et/ou aux strobilurines pour le T2. Sur septoriose, une alternative est possible en bordure atlantique et dans le Sud-Ouest, avec l'ajout de prochloraze pour renforcer l'efficacité des triazoles. Si nécessaire, pour venir à bout de la rouille brune, l'ajout d'une strobilurine à 0,2-0,3 l/ha est conseillé.
T3 A la floraison, c'est la fusariose qui est visée. En cas de risque avéré, Arvalis recommande d'associer triazole et strobilurine en évitant l'azoxystrobine et la picoxystrobine.