« Il existe deux familles de produits capables d'atténuer les effets d'une ration contaminée par des mycotoxines. Mais je considère qu'il est préférable de les utiliser en dernier ressort, détaille Isabelle Oswald, directrice de recherches à l'Inra de Toulouse. J'insiste, mais les bonnes pratiques culturales et de stockage sont primordiales dans la lutte contre ces contaminants. » Autrement dit, le meilleur moyen de résoudre le problème est de ne pas l'avoir. Ou plutôt de réduire le risque de le voir apparaître. « L'important est de tout faire pour avoir un niveau de contamination qui ne mette en danger ni la santé animale, ni la santé humaine, insiste-t-elle. Cela dit, nous n'arriverons pas au niveau zéro. Les mycotoxines sont des contaminants naturels avec lesquels il faut vivre en essayant de réduire leur présence au maximum, et en restant sous les limites fixées par les recommandations ou la réglementation. »
DES MODES D'ACTION DISTINCTS
Réglementairement, ces produits sont « rangés » parmi les additifs technologiques (voir encadré). Décrites dans un rapport coordonné par des scientifiques français pour l'Agence européenne de sécurité sanitaire, les deux familles suivantes se distinguent par leur mode d'action.
- Les ligands « se collent » à la mycotoxine présente dans l'aliment. Le lien qui les unit est suffisamment fort pour empêcher le couple de « se séparer » dans le tube digestif. Il « traverse » ainsi l'animal et est éliminé dans les fèces. Naturels ou artificiels, ces ligands ont des origines très différentes : des silicates comme les bentonites ou les montmorillonites, des parois de levures, des bactéries ou encore des polymères de synthèse.
- La seconde famille regroupe des « agents » capables « d'attaquer » les mycotoxines, pour les dégrader en composés qui ne sont plus toxiques. Elle regroupe des bactéries, des champignons, des levures « équipés » d'enzymes capables de « remplir le contrat ». Il peut aussi s'agir d'enzymes pures.
- Difficile d'avoir une idée exacte de l'utilisation de ces produits. « Certaines spécialités commerciales combinent les deux familles, observe Isabelle Oswald. L'objectif est d'avoir un spectre d'action le plus large possible. » Dans un certain nombre de cas, l'éleveur et son encadrement technique s'attaquent aux symptômes sans même soupçonner les mycotoxines. « La plupart d'entre elles ont un effet immunosuppresseurs, reprend-elle. En utilisant un immunostimulant, vous réduisez le problème. » Cela explique que les données épidémiologiques soient peu nombreuses. « Sur le terrain, nous n'avons pas toujours la preuve que le problème observé est lié à la présence d'une mycotoxine. S'ajoute à cela le prix de l'analyse, poursuit la chercheuse. Au laboratoire, chaque fois que je fais analyser un échantillon, cela coûte une centaine d'euros. Et le délai pour obtenir les résultats varie entre un mois et un mois et demi. »