A 1 000 m d'altitude, produire de la paille pour la litière de plus de 150 bovins n'est pas chose facile. Le Gaec Taillard a opté l'année dernière pour un séparateur de phase dans le but de récupérer la matière solide du lisier pour confectionner la litière des génisses. « Nous recherchions un système nous permettant d'utiliser de la matière première produite sur l'exploitation », explique Clément Taillard. Le séparateur de phase Miro SP 65 L (litière) extrait le « compost » du lisier et le dépose dans les logettes creuses des génisses pour en faire un matelas confortable.

EPANDAGE EN BORD DE RIVIÈRE

Clément est associé en Gaec avec son père André et son cousin Sébastien Taillard. L'exploitation est située sur la commune des Fins, dans le Doubs. Les associés produisent 400 000 litres de lait à comté, avec 70 vaches laitières et une surface de 145 ha de prairies et pâtures. « Nous avons découvert ce système de litière chez des agriculteurs suisses. Sur notre exploitation, seule celle des génisses est composée d'un tapis de compost », confie l'éleveur. Les vaches laitières sont également en logettes et caillebotis mais elles se couchent sur des tapis en caoutchouc recouverts de sciure de bois mélangée à de la poudre asséchante. « Nous avons peu de recul sur cette technique mais nous voulions essayer », précise Clément. Les éleveurs ont également fait ce choix car une partie de leurs prés sont situés près d'une rivière. Il est interdit d'épandre du lisier à moins de 100 m du bord, tandis que la limite est fixée à 50 m pour le fumier. Le lisier des génisses est stocké dans deux fosses de 400 m3 sous les caillebotis.

Une pompe imergée dans la fosse pousse le lisier dans le séparateur situé à une dizaine de mètres via un tuyau souple de 200 mm. Le séparateur est composé d'une vis sans fin animée par un moteur électrique de 12,5 ch alimenté en 380 V. La vis transfère le lisier à travers un tamis extérieur de 600 mm de longueur, puis un second à l'intérieur de 200 mm. Le liquide passe à travers les tamis tandis que le solide sort à l'extrémité. Le circuit est fermé et le liquide repart à la fosse. La double séparation permet d'atteindre un taux de matière sèche du compost supérieur à 30 %. Un manchon à l'extrémité de la vis retient la matière pour optimiser la séparation des phases.

Afin de garantir une bonne homogénéité du compost et d'optimiser le rendement de séparation du produit, la fosse à lisier est malaxée pendant le fonctionnement. En outre, la pompe débite plus que le séparateur ne peut évacuer. Selon l'épaisseur du lisier, le rendement du séparateur est de 4 à 5 m3/h. Ce faible rendement permet d'extraire un compost avec un taux de MS adequat pour la litière. Pour un épandage dans les champs, il peut facilement être doublé voire triplé pour atteindre 15 m3/h. « Le lisier des génisses est assez épais. Le retour de la phase liquide dans les fosses améliore le rendement de séparation », complète l'agriculteur.

UN COMPOST SANS ODEUR

La matière solide tombe dans une remorque placée sous le séparateur. « Ce qui est stupéfiant, c'est que le compost n'a presque pas d'odeur », détaille l'éleveur. La remorque permet de le transporter et de le répartir dans les logettes. « Au début de la confection du "matelas", il faut en rajouter tous les jours mais cela reste facile, le compost est léger. » En se couchant, les génisses le tassent et forment un matelas naturel. La surface est ratissée tous les quinze jours et rechagée avec du compost frais. « Les génisses sont plus propres qu'en système pailleux », se félicitent les associés. Nous pouvons activer le séparateur quand nous avons besoin de litière. Si la fosse est pleine, nous faisons tourner le séparateur en continu et le compost est épandu en bord de rivière », conclut Clément.