La performance environnementale pour les élevages bovins peut être synonyme de performances technico-économiques. Les chambres d'agriculture de Basse-Normandie (Calvados, Manche et Orne) et l'Institut de l'élevage (*), à partir des cas types suivis par le Réseau d'élevage viande bovine de Normandie, ont évalué l'impact de certaines pratiques. « En ce qui concerne l'optimisation fourragère, il existe encore de grandes marges de manoeuvre dans les exploitations allaitantes », assure Patrick Cartoux, conseiller spécialisé viande bovine à la chambre d'agriculture de l'Orne. Selon les calculs, cette option peut réduire de 3,9 % les émissions de GES grâce à une production plus importante de viande vive sur la même surface.
PÂTURAGE TOURNANT
« L'optimisation fourragère est obtenue en mettant en place le pâturage tournant, ajoute Patrick Cartoux. La pratique sur le terrain n'est pas si fréquente et les bénéfices sont quantifiables dès la première année. » A l'échelle d'une exploitation de référence de 100 vaches en système naisseur, sur 100 ha de SFP, cela permet de nourrir 6 vaches en plus. La meilleure valorisation du pâturage réduit le temps passé dans les bâtiments de 10 jours. Les stocks se font plus tôt en ensilage d'herbe de qualité. Du coup, les achats de concentrés sont plus limités.
Et qui dit concentrés en moins, dit baisse de la consommation des énergies indirectes. Au final, l'exploitation émet plus de GES, et notamment plus de méthane puisqu'il y a plus de fermentation entérique, mais comme elle produit plus de viande vive, ceux-ci sont dilués. Le CO2 net émis par 100 kg de viande vive baisse de 3,9 % par rapport à la situation initiale.
RÉDUIRE LA MORTALITÉ
Autres critères techniques où les marges de progrès sont possibles : la productivité numérique et les performances animales. Là aussi, « les marges de manoeuvre sont importantes, estime Patrick Cartoux. Cela passe par la réduction de la mortalité et la diminution des jours improductifs. La sélection génétique joue aussi un rôle important. L'achat de taureaux dits « à vêlage facile » limite les risques d'intervention et la mortalité des veaux. La réflexion autour d'un plan de vaccination peut aussi être bénéfique. »
A partir du troupeau de référence de 100 vaches dont la productivité est de 90 %, il est possible de tabler sur des ventes en plus : deux broutards supplémentaires, soit un mâle et une femelle. La sélection génétique engendre aussi une augmentation du poids des vaches de réforme à la vente (+ 3,7 %).
Au bout du compte, les émissions de GES varient peu. Comme la quantité de viande produite est supérieure, elles sont davantage diluées, comme dans le cas précédent. La réduction des GES est d'environ 7 %. « C'est souvent le cumul de petits progrès qui fait avancer les résultats de l'exploitation », conclut Patrick Cartoux.
(*) Financé avec l'aide de la Région et de l'Ademe.