Nul doute pour les scientifiques que le réchauffement climatique a un impact sur l'environnement. L'agriculture et l'Institut de l'élevage dressent un bilan de l'effet de leur activité grâce aux résultats des fermes suivies dans le cadre des réseaux .
L'impact environnemental est très variable d'une ferme à l'autre. Les causes sont multiples. La part de l'herbe sur l'exploitation et l'achat plus ou moins important de concentrés sont déterminants. « Certains systèmes sont toutefois sur-représentés dans nos réseaux, signale Hélène Chambaut. C'est le cas des exploitations bio. Les réseaux en compte plus que la moyenne nationale. » A noter que les fermes des réseaux sont parmi les plus performantes. « Ailleurs, les écarts sont probablement supérieurs. »
A l'intérieur d'un même système de production, les émissions constatées vont du simple au double. Ce qui est de bon augure pour les marges de manoeuvre. Les exploitations qui possèdent un bon compromis entre performances de production et performances environnementales sont nombreuses (lire pages suivantes).
L'effet de serre est un phénomène naturel. Ce sont des gaz qui s'accumulent dans l'atmosphère et retiennent la chaleur. Sans l'effet de serre, la température serait de - 18 °C. Depuis la révolution industrielle, les gaz s'accumulent dans l'atmosphère et retiennent davantage de chaleur.
Une quarantaine de gaz sont responsables de l'effet de serre. Les trois principaux repérés dans une exploitation sont :
le dioxyde de carbone : CO2. Il est issu de la combustion des ressources fossiles. Son pouvoir réchauffant est faible par rapport aux deux autres.
le méthane : CH4. Il est émis lors de la fermentation entérique des ruminants, de celle des déjections au stockage et dans les bâtiments ou lors de la restitution des déjections au pâturage. Son pouvoir réchauffant est 25 fois plus élevé que le dioxyde de carbone.
le protoxyte d'azote : N2O. Il se dégage lors de la gestion des déjections dans les bâtiments et lors des apports d'azote organique ou de facteur des GES synthèse. Son pouvoir réchauffant est important : 296 fois plus que le dioxyde de carbone.
Convertis en éq. CO2, ces gaz sont additionnés afin de calculer leur pouvoir réchauffant.
1 kg de CH4 = 25 éq. CO2
1 kg de N2O = 296 éq. CO2
L'Institut de l'élevage s'est basé sur la méthode d'analyse des cycles de vie pour évaluer l'efficacité environnementale des systèmes bovins. « Elle prend en compte l'impact des différentes activités de l'exploitation comme la gestion des déjections, et celui indirect des intrants, en prenant en compte le fioul nécessaire pour l'acheminement des aliments, par exemple », indique Hélène Chambaut, de l'Institut de l'élevage. Les données des fermes suivies dans le réseau ont servi de base à l'élaboration des calculs.
En élevage bovin, la fermentation entérique est la principale source d'émission de GES. Suivent les déjections des effluents dans le bâtiment et pour l'épandage, ainsi que les émissions de déjections au pâturage (voir ci-contre).
En élevage, une partie des émissions est compensée par les prairies. Elles stockent du carbone par le biais de la photosynthèse dans le sol et les tissus végétaux. Dans les exploitations allaitantes, « la compensation atteint 50 à 100 % du méthane entérique émis, indique l'Institut de l'élevage, et entre 25 à 55 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l'exploitation ».
Les émissions par kilo et litre produits. En élevage allaitant, les émissions brutes sont estimées à 14,8 kg éq. CO2/kg de viande vive produite. Les émissions nettes, après déduction du stockage des prairies, s'élèvent à 8,3 kg éq. CO2/kg de viande vive produite (l'abattage n'est pas pris en compte).
En lait, les émissions brutes moyennes sont estimées à 1 kg éq. CO2/litre. Ce chiffre prend en compte la viande produite par l'atelier. Le bovines stockage du carbone dans les prairies est évalué à 0,3 kg éq. CO2/litre de lait. Résultat : les émissions nettes tombent à 0,7 kg éq. CO2/litre.
CAP'2ER est un outil pour évaluer les émissions de son atelier laitier en quelques clics. Disponible sur le site de l'Institut de l'élevage, ce calcul automatisé des performances environnementales en élevage de ruminants donne un résultat d'après une vingtaine de questions simples sur l'exploitation. Elles sont classées sous quatre thèmes : la localisation, les caractéristiques du troupeau (lait vendu, nombre de vaches, type de logement...), les surfaces exploitées et les intrants achetés.
« L'estimation n'est pas précise mais c'est une première étape pour approfondir la question de l'impact environnemental », indique Hélène Chambaut.
Les calculs permettent en tout cas de se positionner par rapport aux exploitations des réseaux d'élevage. Ils donnent des pistes à explorer pour l'identification de facteurs améliorateurs.