« Dans notre profession, certains ont réussi à structurer une prestation de conseil auprès de leur clientèle, constate Jean-François Labbé, vétérinaire dans les Côtes-d'Armor, membre de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). Mais ça reste marginal. » Jean-François Labbé est pourtant persuadé que le conseil est l'avenir de sa profession. Il croit au binôme éleveur-vétérinaire. Depuis plusieurs années, la SNGTV incite les praticiens à évoluer vers le conseil. « Nous avons un rôle important à jouer, notamment avec l'anti-biorésistance, précise-t-il. » Dans sa clientèle, ceux qui n'hésitent pas à décrocher leur téléphone pour du conseil sont aussi ceux qui réduisent l'utilisation de médicament.
SUIVI RÉGULIER
Depuis 2007, les vétérinaires réalisent un bilan sanitaire et mettent en place un protocole de soins pour lesquels une prescription sans examen clinique est possible. « C'est un bon tremplin pour reprendre le conseil en main, estime Jean-François Labbé. Notre objectif est de vendre du conseil d'abord puis, si nécessaire, des médicaments. Après le bilan sanitaire, nous pouvons mettre en place un suivi. Dans un troupeau en bonne santé, le vétérinaire est, par exemple, en mesure de proposer un tarissement uniquement avec des obturateurs. C'est un moyen pour réduire l'utilisation d'antibiotiques. » Cependant, il est important d'être réactif en cas de problèmes. « A nous d'être rassurant et d'intervenir rapidement si le protocole ne fonctionne plus. »
C'est ainsi que Luc Gesret, à la tête d'une centaine de vaches laitières, travaille. « Je suis à la lettre le protocole que Jean-François Labbé rédige chaque année, assure-t-il. Dans ma pharmacie, je n'ai pas de médicaments superflus. Si le protocole ne fonctionne plus, je rappelle mon vétérinaire et je commande les produits nécessaires selon ses conseils. » Lorsqu'il est confronté à un échec, Luc Gesret envoie une alerte par mail à son vétérinaire. « Je lui adresse un compte rendu de tout le processus que j'ai suivi pour soigner l'animal », précise-t-il. Jean-François Labbé connaît ainsi tout l'historique de la pathologie. Si besoin, il modifie le protocole. « Le conseil à distance fonctionne bien car Jean-François Labbé suit le troupeau depuis des années, note Luc Gesret. Il se rend sur l'exploitation une fois par mois puisqu'il intervient aussi pour le suivi de la fécondité. »
ACCÈS AUX DONNÉES
Le risque est aussi que l'éleveur renonce s'il doit recevoir son vétérinaire trop régulièrement. « Avec l'arrivée des nouvelles technologies dans les fermes, nous pouvons accéder à distance à un tas de données de l'élevage, assure Jean-François Labbé. Nous ne pouvons pas toujours consulter les résultats du contrôle laitier. Avec les robots, c'est beaucoup plus simple. Les données sont pertinentes et constituent une première base de travail. Il arrive que l'éleveur m'appelle pour un avis rapide et je prends le contrôle de son ordinateur à distance. Cependant, ce conseil ponctuel n'est possible que si le suivi de l'élevage est régulier. »