« Lorsque nous avons commencé à travailler avec deux moissonneuses-batteuses, nous avons vite compris que la logistique ne suivrait pas », se souvient Baptiste Malfait. Installé depuis 2006 sur 400 hectares à La Ville-sous-Orbais, il travaille à façon avec son père, Jean- Pierre, lui-aussi agriculteur dans la Marne. Dans le cadre de leur ETA, la SAS Malfait, ils moissonnent chaque année 1 200 hectares au total sur six exploitations.

L'entreprise compte également un chauffeur permanent. « Jusqu'en 2010, nous recrutions deux chauffeurs supplémentaires en pleine saison, précise Baptiste. Avec l'arrivée des deux moissonneuses-batteuses de grande capacité, il a fallu embaucher deux saisonniers afin de disposer de cinq ensembles tracteur-benne pour suivre le débit des batteuses. » Une main-d'oeuvre difficile à trouver et pas toujours très qualifiée pour parcourir plus de 20 km aller-retour avec une grosse benne. Sans compter le surcoût engendré.

SILOS SECONDAIRES SATURÉS

Alors que les Malfait se posent des questions sur leur logistique, un second problème apparaît. « En apportant près de 100 tonnes par heure, nous avons fortement engorgé le silo de réception », constate Jean-Pierre. La SAS Malfait livre à un silo secondaire, situé à une dizaine de kilomètres de l'exploitation mais sous-dimensionné par rapport au rendement des nouveaux chantiers. Surtout qu'ils sont menés de concert par deux grosses moissonneuses. L'idée de livrer directement au silo principal de l'OS fait rapidement son chemin. Cependant, compte tenu de la distance, il faudra utiliser des semi-remorques. « Pour vidanger directement dans une semi sans ralentir le chantier, il n'y a qu'une solution : la technique américaine du transbordeur », précise Baptiste.

Le jeune agriculteur réalise alors une simulation des coûts de chantier (voir ci-dessus) qui laisse espérer une économie de 30 000 euros par an avec le transbordeur pour les quinze jours de moisson de la SAS. Convaincus, Jean-Pierre et Baptiste investissent dans un Horsch Titan de 34 m3. Ils réalisent désormais seuls la moisson avec leur salarié, qui est chargé du transbordeur.

UNE ORGANISATION MILLIMÉTRÉE

Le chantier ne tolère aucune approximation puisque le contrat avec l'OS est de remplir un camion toutes les trente minutes. Jean-Pierre et Baptiste prennent le volant des Lexion 570 et 600 et récoltent en se suivant. Au volant de l'Axion attelé au Titan, le chauffeur ne chôme pas. Il vidange d'abord la Lexion 600 puis se dirige vers la 570, avant de revenir récupérer la moitié de la trémie de la 600. Il va ensuite vider son transbordeur dans le semi qui attend au bord du champ. Puis le ballet reprend. Il faut environ deux trémies de transbordeur pour remplir le camion.

L'important pour Baptiste Malfait est que les Lexion ne s'arrêtent jamais. « Une moissonneuse qui vidange à l'arrêt, c'est 30 % de débit de chantier perdu », estime l'entrepreneur. Par sécurité, Jean-Pierre Malfait conserve une petite remorque « tampon » au bord du champ capable d'absorber une partie du chargement en cas de retard d'un camion.

LE TÉLÉPHONE PORTABLE INDISPENSABLE

Le transbordeur n'est pas le seul équipement incontournable dans cette nouvelle organisation.

« J'ai le téléphone portable collé à l'oreille, s'amuse Baptiste. Il faut avertir l'OS de l'emplacement du chantier pour qu'il organise le ballet des 4 ou 5 semi-remorques. Il est indispensable notamment de lui communiquer une estimation de rendement pour qu'il détermine le nombre exact de camions. Il faut aussi anticiper les changements de parcelles en le prévenant à l'avance. » Avec cette organisation, les Malfait atteignent un rendement de 900 q/h en bonnes conditions. Les 1 200 hectares sont récoltés en quinze jours, avec seulement trois chauffeurs.