En entrant dans la stabulation du Gaec du Monty, à Levoncourt dans la Meuse, une légère brise circule. Les animaux sont calmes et, surtout, aucune odeur d'ammoniac n'est perceptible.
210 places sont occupées sur les 280. La quarantaine vide vient d'être curée. Cette zone est aménagée sans séparation au sein du bâtiment. « Les animaux sont toujours déchargés dans ces deux cases de quarantaine dédiées aux “arrivants” », signale Jean-Michel, associé avec son frère Patrice et Thierry Verdun. Elles peuvent accueillir 35 animaux chacune, soit la capacité d'un camion. Le sol est bétonné, de manière à faciliter le nettoyage.
PRISE DE TEMPÉRATURE
Après la période d'adaptation de chaque lot qui dure un à deux mois, cette quarantaine est toujours nettoyée. Au fur et à mesure du départ des animaux finis, les lots en cours d'engraissement sont déplacés vers les box de finition de 10 places. « Nous ne remélangeons jamais les animaux de différentes cases afin de ne pas modifier la hiérarchie, précise Jean-Michel. » Les broutards proviennent de diverses régions et de diverses races allaitantes. Ils sont allotés en fonction de leur poids. Lorsque les têtes de lot sont vendues, ceux qui restent sont logés dans des cases de 10 places.
Pour des raisons pratiques, la quarantaine est située à côté de l'équipement de contention. Les broutards y passent tous les jours, au moins pendant la première semaine. « Nous prenons leur température, expliquent Jean-Michel et son épouse. Cela nous prend une heure tous les matins. Cette étape que nous appréhendions n'est pas si contraignante. La circulation des animaux d'un parc à l'autre est fluide. Cela nous permet de déceler un animal malade très tôt. »
Dès que la température dépasse 39,5 °C, l'animal reçoit un anti-inflammatoire et un antibiotique. Au bout d'une semaine, si et seulement si toutes les températures sont retombées, les animaux sont vaccinés contre les maladies respiratoires. Une semaine après suit le vaccin contre l'entérotoxémie. Puis le rappel contre les maladies respiratoires et digestives trois semaines après. Ce qui justifie de prévoir un parc de contention à proximité.
UN PROTOCOLE STRICT
« Toutes les bandes ne réagissent pas de la même manière, constate Jean-Michel. Parfois, la température est difficile à maîtriser à l'arrivée des broutards alors que pour d'autres bandes, les malades sont beaucoup plus rares. » En tout cas, les animaux qui occupent le reste du bâtiment ne sont pas impactés par les infections, et la vaccination est efficace.
Certains traitements s'effectuent par l'eau de boisson. Il s'agit notamment de l'apport des vitamines. Les cases de quarantaine bénéficient en effet d'un circuit d'abreuvement particulier. Les autres cases sont alimentées par deux autres circuits différents Lors des trois premiers jours, ils reçoivent une solution qui comprend de l'aspirine, de la vitamine C et du propylène glycol. « Ce traitement vise à leur donner un coup de fouet à une période où ils sont le plus fragiles. Grâce à ce système, on est sûr que chacun absorbe sa dose car l'animal, même malade ou craintif, vient toujours boire, alors qu'il ne mange pas forcément », souligne François Schmitt, responsable de la coopérative EMC2-Elevage. Les jeunes bovins boivent d'autant mieux que l'eau arrive tiède dans les abreuvoirs.
Les associés ont installé les tuyaux sous l'aire paillée pour profiter de la chaleur produite par le fumier. « Les performances de croissance sont pour l'instant conformes à nos objectifs de 1 600 g par jour », indique Jean-Michel. Grâce à cette organisation, l'astreinte est réduite à 1h par jour. En dehors des périodes de prise de température, elle correspond au paillage, à la distribution de l'alimentation avec la mélangeuse et à la surveillance. L'organisation est bien « huilée » et les jeunes bovins sont rarement malades, en partie en raison de la bonne ventilation. « Nous ouvrons les filets en fonction de la météo. Celui qui est sur le pan le moins exposé au mauvais temps est quasiment ouvert au maximum en permanence. » Le réglage s'effectue via une télécommande.
« Ces ouvertures de 2,10 m au-dessus des murs de 2,50 m assurent une bonne circulation de l'air. Ils sont complémentaires de la faîtière, et des “écailles” sur la toiture », indique François Schmitt.