on tracteur Metrac est adapté aux travaux dans les prés de fauche à fortes pentes mais, au-delà de 45 % d'inclinaison, j'utilise une motofaucheuse », explique Etienne Wicky. Agriculteur à Linthal (Haut-Rhin), dans une zone très escarpée du massif des Vosges à 900 m d'altitude, Etienne utilise du matériel spécifique pour le travail en montagne. « Nous devons être bien équipés pour assurer la récolte du foin et du regain. Plus de 90 % de mon parcellaire est en zone accidentée », précise Etienne.
Installé en SCEA avec son épouse Florence sur la ferme auberge de Hilsen, ils exploitent 68 ha de prairies, dont 18 sont consacrés à la récolte du fourrage herbagé. Les vingt vaches laitières produisent 100 000 litres de lait chaque année. Les agriculteurs transforment, affinent et commercialisent l'intégralité du lait en fromages : munster, barkase et tomme des Vosges. « Pour faire du bon fromage avec le lait d'hiver, il faut du fourrage de qualité. Mes belles parcelles ne sont pas les plus faciles d'accès », nous rappelle l'agriculteur. Plus d'un hectare de foin est récolté manuellement et fauché avec une motofaucheuse de 9 ch, équipée d'une coupe à lame de 1,6 m. Pour améliorer la stabilité, les roues sont jumelées afin de passer dans des pentes de plus de 50 % de dénivelé. « Je commence par faucher le bas de la parcelle, ce qui permet de laisser tomber l'herbe sur le fourrage déjà coupé. »
UN TRAVAIL PHYSIQUE
Pour l'éleveur, c'est un travail très physique avec un engin semi-porté de plus de 150 kg. Pour éviter d'être entraîné par les éventuelles glissades de la machine, Etienne se positionne en bas. Le guidon peut être déporté sur le côté pour faciliter la conduite. « La machine est dotée de sécurités. Si je lâche une poignée, le moteur s'arrête », précise Etienne. Les deux roues sont motrices en permanence et il déclenche le différentiel pour tourner. La fauche s'effectue en travers de la parcelle. Le foin est ensuite fané et ramassé manuellement avec un râteau. « Je descends tout le fourrage en bas de la parcelle et le ramasse avec l'autochargeuse. »
Pour les parcelles moins pentues, en dessous de 45 %, la fauche s'effectue à l'aide du Metrac H7X et d'une faucheuse équipée d'un lamier de 2,40 m. « Je travaille beaucoup avec le relevage avant pour plus de visibilité, cela m'évite de rouler sur la plante. »
Les constructeurs de ces engins capables de travailler en fortes pentes fixent les bras du relevage avant sur le pont. Cette technique reporte le poids sur l'essieu, abaisse le centre de gravité et améliore l'adhérence. Seule la faneuse est attelée à l'arrière. Comme avec la motofaucheuse, Etienne travaille en travers de la parcelle, de même pour le fanage. En revanche, les andains sont formés dans le sens de la montée.
La récolte s'effectue avec l'autochargeuse et uniquement en descente. Etienne remonte en marche arrière et charge en descente pour plus de sécurité et de confort. Le chargement augmente la hauteur du centre de gravité. Se retourner dans la pente entraînerait le basculement de la machine, même si les roues de l'essieu arrière sont jumelées.
L'autochargeuse repose sur l'automoteur porte-outils Mulli de Reform. Ce dernier accueille également la tonne à lisier de l'exploitation (lire l'encadré). Tout le fourrage est stocké en balles rondes. « Dans les parcelles les moins pentues, je presse directement les andains sur 10 hectares. Soit je dépose la balle en bas de la parcelle pour éviter qu'elle roule, ou je me fais aider et la seconde personne ralentit la balle à l'ouverture de la chambre », explique Etienne. La presse est attelée à un tracteur conventionnel de 85 ch. Il est également doté d'un chargeur frontal pour ranger les balles rondes dans le bâtiment de stockage et les reprendre en hiver.
Tout le fourrage ramassé en vrac est déchargé devant la presse et conditionné en balles rondes en bas de la parcelle. « C'est un travail très décomposé, avoue l'agriculteur, mais avec le relief, difficile de faire autrement. » Il y aurait la solution de changer de système de stockage et de passer en vrac, mais cela nécessite de gros investissements pour la SCEA. Plus de la moitié de la surface des prés de fauche peut être récoltée directement avec la presse. « Mon parcellaire est morcelé avec des surfaces allant de 5 ares à 4 hectares pour la plus grande parcelle, et sur un rayon de 5 km. »
Pour Etienne, la balle ronde reste le système de conditionnement le plus rapide et adapté à son exploitation. « Dans les bonnes années, je fais une coupe de foin et une de regain sur la moitié de la surface destinée au foin, soit 400 balles. Mon matériel est adapté à mes conditions et j'ai toujours réussi de bonnes récoltes. Je ne vois pas pourquoi je changerais », termine Etienne.