Enfant du pays, Damien Machurat était apprécié dans les exploitations où il effectuait des stages, donnait un coup de main, faisait des saisons. « Nous n'aurions peut-être jamais créé un groupement sans connaître Damien. C'était trop désolant de le laisser partir alors que nous avions tous énormément de travail », explique Claude Forat, éleveur laitier du pays de Seyssel, une région d'élevage et de vigne, à cheval sur l'Ain et la Haute-Savoie.

Le groupement a été constitué entre une exploitation viticole, le Gaec Bernard (1), et deux exploitations laitières individuelles : celle de Claude et Valérie Forat (2) et celle de Hugues Perrot (3). C'est un atout pour tous : « Quand c'est le foin chez les laitiers, ça ne presse pas chez les vignerons, soulignent les agriculteurs. Hugues et Claude ne fanent pas en même temps : équipé d'un séchage en grange, Hugues fauche plus tôt. Tout cela apporte une souplesse appréciable au printemps. « Avant de créer leur groupement, il y a quatre ans, les agriculteurs ont pris le temps de réfléchir à leur organisation. Ils ont tout écrit. Rien n'a été remis en cause. « L'exemple de gros groupements avec un salarié qui intervient à la journée sur chaque exploitation ne nous convenait pas. Ce fonctionnement ressemble davantage à un service de remplacement. »

UN PLANNING RESPECTÉ

Le planning, établi quatre mois à l'avance, tient compte des besoins et des impératifs de chacun. Loïc et Laurent Bernard prennent Damien quinze jours pour les vendanges et quinze jours pour la taille. Claude et Hugues font de même pour les foins. Les vacances des agriculteurs et les projets de Damien sont ensuite pris en compte. Loïc et Laurent apprécient que Damien soit présent la semaine qui précède les portes ouvertes à la cave. Claude et Hugues sont contents de sa présence pour la descente des génisses de leurs alpages.

Globalement, le planning est respecté. « Quand on part en vacances, c'est en toute confiance, souligne Claude. En cas d'accident ou de maladie, tout le monde est solidaire au sein du groupement d'employeurs. » « Lorsqu'on se retrouve seul sur la ferme, on est content toutes les trois semaines non seulement d'avancer le travail mais aussi de discuter », note Hugues. « Avoir un salarié à tiers temps permet de rester producteur de lait en individuel sans passer par la formule Gaec », ajoute Claude.

(1) 40 ha, dont 12 ha en vignes AOC vin de Savoie avec près de 100 000 bouteilles commercialisées chaque année. (2) 350 000 litres de lait IGP tomme et emmental de Savoie sur 110 ha, dont 1,6 ha de vigne. (3) 380 000 litres de lait IGP tomme et emmental de Savoie et une dizaine d'allaitantes.