La fertilisation localisée au semis a le vent en poupe. Cette technique qui consiste à placer une faible quantité d'éléments fertilisants à quelques centimètres de la ligne de semis a longtemps été réservée aux semis monograines. Aujourd'hui, elle gagne les implantations de cultures en ligne. Les constructeurs de semoirs l'ont bien compris et proposent tous des modèles spécialement conçus.

AIDE AU DÉMARRAGE

Quelle que soit la culture, cette pratique vise à assurer une bonne alimentation minérale, et par conséquent un bon développement des jeunes plantes, en augmentant fortement la disponibilité des éléments nutritifs dans un faible volume de terre. Avec pour corollaire une rapidité d'accès des jeunes racines aux minéraux. En effet, c'est pendant les phases juvéniles que la culture est la plus affectée par les carences nutritionnelles. Le faible développement racinaire à ce stade limite les capacités de prospection au volume de terre environnant la ligne de semis.

Toutefois, il ne faut pas croire que cette pratique se traduit systématiquement par des effets bénéfiques. En effet, dans les terres où les éléments minéraux sont facilement disponibles et dans les sols dits « chauds » ou se réchauffant rapidement au printemps, apporter une fumure starter se révélera sans intérêt. La fertilisation localisée au semis est à préconiser en présence de facteurs connus pour ralentir l'allongement des racines. On peut ainsi citer les températures basses du sol, l'excès d'eau, une trop forte acidité, la prédation par le parasitisme tellurique, les situations sèches ou encore le non-labour.

La fertilisation localisée au semis offre plusieurs avantages. Outre celui d'assurer un meilleur démarrage des cultures, il permet de contrer plus efficacement les adventices. En effet, en apportant l'engrais seulement à la culture, cette dernière va prendre plus facilement le dessus sur des adventices moins vigoureuses et ainsi plus aisées à détruire. Il en va de même pour les attaques de parasites du sol. La technique limite également les pertes d'azote par volatilisation et permet dans certains cas d'économiser des passages de tracteur, donc du carburant et de la main-d'oeuvre.

UNE INCORPORATION RÉGULIÈRE

Cependant, pour que l'efficacité de la fumure starter soit complète, il faut une incorporation régulière de l'engrais. Les constructeurs ont donc travaillé sur les modalités de localisation. Ils ont retenu cinq techniques (lire l'infographie ci-dessus). Selon les cas, l'engrais est placé avec, sous, à côté ou au-dessus de la graine. Une idée préconçue tend à dire que la meilleure méthode serait de placer l'engrais quelques centimètres au-dessous. Il semblerait que la réalité soit tout autre. Des essais de placement de la fumure au-dessus de la ligne de semis menés par Arvalis-Institut du végétal sur orge de printemps n'ont démontré aucune toxicité dommageable au rendement, même avec des doses d'engrais extrêmes, de 150 à 200 unités d'azote. Plus que la position de l'engrais en elle-même, il faut surtout veiller à ce que la semence n'entre pas en contact direct avec le fertilisant et éviter tout surdosage, sous peine de risques de toxicité ou de brûlures.