Apeine arrivée sur l'exploitation de Jean-Claude Quillet, agriculteur à Montlouis-sur-Loire, près de Tours, je croise son fils et sa belle-fille qui m'indiquent qu'il est en train de charger un camion de maïs. Plus loin, trois jeunes qui préparent l'épandeur d'engrais. Moi qui pensais que le semis direct permettait de réduire la main-d'oeuvre... Mais c'était sans prendre en compte la taille de l'exploitation.
« Nous sommes cinq à temps plein, dont une personne pour l'administratif, à cultiver environ 1 000 hectares : 350 ha sur mon exploitation, autant sur celle de mon fils Anthony et son associé Patrick Germain, et 300 ha en prestation de service. Des stagiaires complètent la force de travail, » explique Jean-Claude Quillet, qui pratique l'agriculture « d'amélioration » depuis 1996. Car si pour lui, les techniques culturales simplifiées (TCS), utilisées de 1989 à 1995, s'apparentent à une agriculture de conservation, le semis direct sous couvert végétal (SCV) correspond davantage à une agriculture « d'amélioration du sol ».
La preuve en chiffres : le taux de matière organique est passé, selon les types de sol, de 1 à 2,5 %, et de 2 % à 4 %. « La remise en culture de prairies naturelles avec le semis direct n'a pas fait baisser le taux, qui était à 6 %. Il serait certainement descendu à 2,5 % si nous avions travaillé le sol. » Pour le rendement aussi, la différence est en faveur du semis direct et d'autant plus dans les terres superficielles. « Mon passage au semis direct était motivé par le fait de retrouver du potentiel dans les mauvaises terres, » précise l'agriculteur.
ÉCONOMIE DE FIOUL ET DE PUISSANCE
1 000 hectares sont semés avec un John Deere pneumatique 750A de 6 mètres et un Séméato de 4,5 mètres. « Cette année, nous avons semé davantage de surface, car des agriculteurs, contrariés par la pluie incessante, ont fait appel à nous, raconte Jean-Claude Quillet. Notre matériel est bien adapté. Grâce aux nouveaux bandages sur les roues de profondeur, la terre ne colle pas aux éléments semeurs du John Deere. Avant d'opter pour le semis direct, nous passions beaucoup plus de temps sur le tracteur et nous avions besoin de deux fois plus d'hommes pour le même chantier. En labour, avec deux hommes, deux tracteurs, une charrue et un semoir, il fallait douze heures pour semer 10 hectares. En semis direct, en douze heures, un homme sur un tracteur sème une quarantaine d'hectares. Sur l'ensemble de l'itinéraire technique, le temps de travail est davantage lissé. Le changement de système nous a permis de gérer plus de surface. »
Concernant le fioul, pour semer un blé après un maïs, la consommation est passée de 35 l/ha en labour à 20 l/ha avec la machine à bêcher (achetée en 1981), à 15 l/ha avec un semoir à fraise, à 8 l/ha avec le John Deere pneumatique, pour atteindre finalement 5 l/ha avec le Séméato. Le gain de puissance est aussi important. « En TCS, j'avais un tracteur de 150 chevaux et deux de 110 ch pour travailler sur 350 ha, ce qui donne un ratio d'environ un cheval par hectare, compte l'agriculteur. Aujourd'hui, j'ai un tracteur de 200 ch, un de 160 ch et un de 125 ch pour environ 1 000 ha, soit 0,5 ch par hectare. »