Plus qu'une relance, le plan EMAA est avant tout stratégique : il doit permettre de combler le retard de la France et de créer une véritable filière économique. Présenté fin mars 2013, il a pour objectif de valoriser et de développer une meilleure gestion de l'azote, et d'accélérer le développement de la méthanisation à la ferme. Pour les ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie, cela doit permettre à la fois une production d'énergies renouvelables, une réduction du coût des intrants et une dynamisation des territoires. L'objectif est que la France compte 1 000 méthaniseurs à la ferme en 2020 contre 90 fin 2012. Cela implique logiquement le développement d'environ 130 nouveaux projets par an entre 2013 et 2020.

Pour ce faire, les moyens devant être mis en place sont divers : financement de projets expérimentaux, révision de la fiscalité de l'azote minéral, homologation de digestat, dispositif d'achat de l'électricité produite, mobilisation de fonds (Ademe, Oseo, BPI, etc.), recherche et développement.

130 À 150 INSTALLATIONS

Les résultats attendus sont la réduction du recours à l'azote minéral, la valorisation des digestats, le développement économique de la filière, la création d'emplois et, bien sûr, un nombre significatif d'installations en service. Sur ce point, on ne peut être que réservé. En effet, seulement 40 à 60 digesteurs ont démarré en 2013, loin des 130 nécessaires au respect de l'objectif principal du plan EMAA. L'homologation du digestat avance aussi doucement : seuls 4 dossiers ont été déposés auprès de l'Anses et transmis à la DGAL. Cette dernière, pressée d'accélérer son observation, devrait en homologuer la plupart d'ici début janvier. La baisse de consommation de l'azote minéral reste timide : environ 1,5 %.

Concernant le développement de la filière – et c'est peut-être là la clé du succès du plan –, on ne peut être que prudent. En effet, si le hall dédié à la méthanisation au Space, par exemple, a connu un beau succès (jeunes entreprises, filiales étrangères et clients nombreux) et se traduit par un grand nombre de projets à l'étude, le coût d'une unité et son rendement énergétique peuvent représenter des risques qui freinent encore beaucoup leur finalisation.