« Mon conseiller de gestion me répétait chaque année que mes charges de mécanisation étaient trop élevées, sans même tenir compte de mon système de culture. Or nous, céréaliers bio, nous n'avions aucune référence sur nos systèmes. Nous avons créé un groupe de huit agriculteurs, avec l'aide de notre Afocg, association de formation collective à la gestion. L'animatrice accompagnait déjà un groupe de maraîchage dont faisait partie ma compagne. Nous sommes en quête d'une rotation gagnante. »

RÉVÉLER SA STRATÉGIE

Olivier Chaloche a repris la suite de son père en 1990 à Cortrat, dans le Loiret. Sur 120 hectares en partie irrigués, il cultive luzerne, féverole et céréales (maïs, blé, épeautre). « Au sein du groupe créé en 2010, il y a toutes les « vagues » du bio : ceux qui le pratiquent depuis toujours, ceux qui y sont venus en 1992 avec la réforme de la Pac comme moi, et ceux qui se sont décidés après le Grenelle de l'environnement. Entre nous, il y a la même diversité qu'en agriculture conventionnelle. Moi je pratique le bio « intensif », avec comme objectif d'atteindre 80 % des rendements du conventionnel. D'autres privilégient l'extensif. Certains refusent une trop grande pression d'emprunts. Mais nous avons en commun de vouloir montrer nos chiffres. Nous décortiquons chaque itinéraire de culture, non pour les copier mais pour voir si ce qui fonctionne chez l'un est profitable pour l'autre. »

SE RASSURER

La première année, le groupe a détaillé ses charges de structure, puis a évolué jusqu'à établir un tableau qui donne, en fonction du rendement attendu (5 à 9 t/ha), les charges, les prix de vente (200 à 300 €/t) et les marges nettes espérées (994 euros à 3 300 euros en 2012). Les écarts d'EBE vont d'un à trois.

« Nous sommes en quête de la rotation gagnante pour chacun. Je n'ai pas baissé mes charges de mécanisation : je veux intervenir dès qu'il le faut et mes rendements comme les prix en vigueur me le permettent. J'embauche une personne trois semaines au semis pour effrayer les corbeaux. Cela coûte moins cher que de ressemer le maïs. J'ai aussi revu mes contrats d'assurance. Au final, on se fertilise les uns les autres. Et le caractère de chacun se révèle à travers sa stratégie d'entreprise. »

Le groupe se retrouve trois fois l'an. « Nous travaillons encore un peu dans le brouillard mais nous voulons continuer pour définir nos repères et analyser où on met notre énergie. Certains, c'est dans l'autoconstruction, d'autres dans la mécanique, l'agronomie ou la vente directe. Ces approches montrent la complexité de nos systèmes. Trop seul, on ne peut pas être très bon. Aller chez les uns et les autres nous rassure. »