La pluie incessante de la fin de l'année 2008, ajoutée aux mauvais cours des céréales, a poussé une dizaine d'agriculteurs de Haute-Garonne à créer le Ceta de L'Autan. Ils ne voulaient pas subir de baisse de revenu et surtout de moral en restant isolés dans leur ferme.

Guillaume Fonters, 30 ans, va impulser cette création sous l'égide de la coopérative Agro d'Oc. Après avoir travaillé pour une société qui produisait des semences, il s'est associé dans un Gaec, avant de reprendre, en 2012, une exploitation de 115 ha à Lavaur (Tarn). « Je ne cultive que des semences (maïs, potagères, soja, tournesol) et des pois chiches. En m'installant, je voulais développer des cultures de niches. Mais j'ai aussi besoin d'échanger avec d'autres agriculteurs curieux de tout. » Il n'aura pas de mal à convaincre Yves Molinier, 60 ans. Le doyen du groupe, qui exploite 108 hectares à Auriac-sur-Vendinelle , est toujours partant pour élargir ses connaissances. « Après vingt ans de Gaec, j'exploitais seul. Il me fallait un entourage pour échanger sur le métier. »

UN PÔLE DE RECHERCHE

Il mène avec attention ses cultures (blé dur, blé tendre, pois, maïs semence, colza semence) « pour arriver à un produit brut moyen de 2 000 €/ha », souligne avec admiration Samuel Mancet, 38 ans, actuel président du groupe. Ce dernier s'est installé à Cambiac, il y a dix ans, après le décès de son père. Il exploite 96 ha aux trois quarts irrigués. « En 2004, je me suis lancé dans l'agriculture de conservation mais sans connaissance particulière. » En février 2009, il adhère à l'idée de créer un groupe entre agriculteurs prêts à dévoiler leurs itinéraires techniques et leurs chiffres. « Le Ceta est notre pôle de recherche. Il faut une affinité entre nous, partager le même état d'esprit : être un décideur à la fois indépendant et aimant le collectif. La taille de l'exploitation ou la distance importe peu. Certains viennent de 50 kilomètres », poursuit Samuel Mancet.

Vingt agriculteurs contactés par Guillaume Fonters se déplacent pour la première réunion menée par Agro d'Oc. Neuf s'engageront à échanger toutes les trois semaines, hors des périodes de grands travaux. Chaque réunion se passe en présence d'un ingénieur d'Agro d'Oc, un encadrement qui leur coûte 10 €/ha. « Sans regrets. Ce n'est pas le prix d'un passage de pulvé, reprend Samuel. J'ai revu tous mes itinéraires techniques. Parti de 45 quintaux en blé dur, je vise les 80, même si je ne les atteins pas encore. Je travaille sur trois pistes : la rotation, le non-labour et la couverture permanente du sol. »

Yves a pris plaisir à se lancer dans les semences potagères et le pop-corn. Grâce à la passion de Guillaume Fonters pour le pois chiche, le Ceta a monté le projet « Chiche ». « Partis à deux sans trop d'infos, nous sommes huit. Nous allons organiser une filière avec l'appui de Grains d'Oc, une structure de commercialisation liée à Agro d'Oc. »