« Au cours de la précédente campagne, les stratégies de désherbage des céréales à paille ont été mises en difficulté, avec des fenêtres d'intervention à l'automne rares et difficiles à exploiter », souligne Arvalis-Institut du végétal.

Certes, les semis décalés ont permis d'avoir des levées moindres à l'automne, mais les conditions climatiques ont tout de même été favorables aux pousses plus tardives, dont celle de vulpin, qui habituellement ne lève pas au printemps.

Par la suite, les passages n'ont pu être réalisés que tardivement, à partir de la mi-mars et parfois qu'en avril, sur de mauvaises herbes développées, avec une efficacité limitée.

Souvent des jours disponibles

Pourtant, les problèmes de désherbage deviennent récurrents, avec une recrudescence de ray-grass et vulpin résistants, notamment aux fops et inhibiteurs de l'ALS. De plus, les pertes moyennes de rendement sont estimées à 10 % pour une application de sortie d'hiver comparée à une application d'automne. Il semble aussi qu'il ne soit plus possible d'atteindre une complète efficacité avec la sortie hiver seule.

L'institut conseille donc vivement de passer dès l'automne, dans les cas de fortes infestations et en présence de résistances. L'intervention est réalisée ainsi sur des adventices moins développées, avec d'autres familles chimiques, comme les urées substituées ou encore le prosulfocarbe.

Les données démontrent qu'en moyenne, sur dix ans, il y a des jours disponibles pour passer. « L'exploitant pourra presque toujours assurer au moins un passage en prélevée juste après le semis », complète Lise Gautellier-Vizioz, spécialiste du désherbage chez Arvalis.

Ainsi, avec des densités supérieures à 100 mauvaises herbes au mètre carré et la présence de résistances, il est vivement conseillé d'intervenir en « tout-automne ». Il faut éviter les fops et les inhibiteurs de l'ALS et « jouer » avec les autres familles à disposition.

Par exemple, en présence de ray-grass, il est possible de passer en prélevée avec 1.800 g de chlortoluron, un rattrapage à 1 ou 2 feuilles du blé avec Défi (3 l/ha) + Carat (0,6 l/ha) ou encore Défi (2,5 l/ha) + Fosburi (0,5 l/ha).

Autre stratégie « tout-automne », sur vulpin : Trooper à 2,5 l/ha en prélevée puis Quartz Gt à 2,4 l/ha ou encore 1 200 g/ha d'isoproturon + Prowl 400 à 2 l/ha complété par Fosburi à 0,6 l/ha, toujours à 1-2 feuilles... Dans cette situation, il est aussi essentiel de revoir intégralement son système (lire l'encadré).

Avec des densités moindres d'adventices (dès 20 plantes par mètre carré), le programme pourra associer un passage d'automne à un autre traitement sortie hiver. Attention, en sols légers, avec les produits racinaires employés à l'automne, il faudra un peu baisser la dose préconisée.

Arvalis estime qu'il faut envisager ses désherbages en sortie d'hiver seulement avec moins de 20 plantes/m2 et sans résistance. Dans ces cas de figure, il faut tout de même veiller à alterner les matières actives dans la rotation, pour ne pas exercer sur les adventices une pression de sélection et se retrouver également en difficulté.

Météo : garantir la meilleure efficacité

A l'automne, beaucoup de produits sont racinaires : traitez sur sol humide. Evitez aussi les amplitudes thermiques, les gelées et les fortes pluies dans les jours suivant la pulvérisation. Les associations avec prosulfocarbe et les semis mal renfoncés sont plus sensibles aux phytotoxicités.

Plus que jamais associer chimie et agronomie

Faut-il encore le rappeler ? Les faux semis, le décalage de quelques jours des dates de semis, l'introduction de cultures de printemps dans la rotation, ainsi que le labour occasionnel sont autant de leviers agronomiques qui peuvent être mis en oeuvre. Il faut parallèlement alterner les familles d'herbicides employées dans la rotation pour préserver les solutions existantes, de réelles innovations n'étant pas prévues dans un futur proche.