Lorsque les opérateurs envisagent de développer l'engraissement, une préoccupation revient sans cesse : l'autonomie de l'atelier sur le plan alimentaire. Ils sont nombreux à en faire une priorité. « Produire des jeunes bovins sera plus facile là où la culture du maïs est possible avec un potentiel de rendement intéressant, souligne Christian Condamine, responsable de l'activité bovine de la Capel Bovidoc. Nous prônons l'autonomie fourragère et la valorisation des céréales produites sur l'exploitation. »

DANS LES RÉGIONS À FORT POTENTIEL EN MAÏS

De choix ne donne, a priori, pas l'avantage aux zones allaitantes et aux systèmes herbagers. Dans certaines de ces régions, même les vaches sont vendues maigres. « L'engraissement à l'herbe des jeunes bovins n'est pas simple à maîtriser, prévient Bruno Colin. Développer cette activité dans les zones allaitantes, je n'y crois pas. Pas à grande échelle, en tout cas. Je l'imagine plutôt dans l'Ouest, là où il y a des ressources en maïs. Ou alors dans l'Est, où les producteurs ont accès à des coproduits. »

N'empêche, dans le Limousin, la Celmara bien l'intention d'augmenter le pourcentage de veaux finis chez ses adhérents. Ce chiffre atteint aujourd'hui 65 %. La coopérative espère le porter entre 70 et 75 % dans les cinq ans à venir. « Nous ne sommes ni dans une zone céréalière, ni dans une zone où des coproduits sont disponibles, reconnaît Philippe Deschamps, directeur de la coopérative. Mais nous pouvons engraisser de façon compétitive par rapport à l'Italie. Sur le coût alimentaire, nous y arrivons. Ce n'est pas le cas pour les structures d'élevage. La taille permetdes économies d'échelle et une standardisation du produit. »

A y regarder de plus près, le choix entre l'autonomie alimentaire et les achats extérieurs n'est pas si simple. Certes, les régimes à base de concentrés sont davantage soumis à la volatilité des marchés. Mais il y a des sources d'économie ailleurs. « La maîtrise du coût alimentaire est un levier important de la rentabilité, explique Patrick Sarzeaud, chef de projet à l'Institut de l'élevage. Ce poste représente 35 % du coût de production calculé pour 100 kg de poids vif, hors achat du maigre. Quand je compare les coûts de production d'engraisseurs spécialisés, l'écart n'est pas significatif entre les régimes à base de maïs ensilage et les rations sèches. Le maïs est intéressant pour le prix de l'UF mais il faut tout compter : le matériel pour distribuer, le temps de travail… Les producteurs espagnols engraissent avec des céréales mais économisent sur la main-d'oeuvre ou le bâtiment, par exemple. L'important est de garderun équilibre entre le produit et le coût alimentaire. »