« En 2010, nos veaux étaient presque tous malades après leur naissance », se souviennent Pascal Elie, Mikaël et Patrice Miché. En Gaec à Mohon, dans le Morbihan, ils venaient d'inaugurer la stabulation qui accueille leurs 80 vaches laitières et leurs veaux jusqu'à trois semaines. « Le taux de morbidité atteignait 70 % lorsque nous avons fait appel au Groupement de défense sanitaire (GDS) de notre département. »

Les veaux avaient froid et pneumonies et diarrhées se multipliaient. Premier responsable mis en évidence par le diagnostic de Yvonnick Dando du GDS : le volume d'air. Il était de 40 m3 par veau alors que les recommandations sont comprises entre 7 et 10 m3.

TEMPÉRATURE STABLE ENTRE 12 ET 25 °C

Pour réduire ce volume et améliorer l'ambiance dans le local des veaux, Mikaël et Pascal ont posé un faux-plafond à 2,6 m. « Nous avons aussi installé des panneaux isolants à l'intérieur de la paroi et un extracteur d'air. » Celui-ci est relié à une sonde. Il est réglé par l'installateur pour que la température de confort du veau reste entre 12 et 25 °C, quelle que soit la saison.

Les veaux avaient froid parce que leur local était installé sur le pan exposé aux vents les plus froids. « Nous l'avions prévu à cet endroit pour sa proximité avec la laiterie et le box de vêlage », indique Pascal. Située entre les deux, la nurserie était d'accès direct. Avec le recul, les associés l'auraient peut-être installée sur l'autre pan, plus éloigné. « Il existe des “taxis à lait” pour faciliter la distribution, cela aurait représenté un bon compromis », assure-il.

Désormais, aucun courant d'air ne filtre dans le local. La paroi extérieure est renforcée par l'isolant et les ouvertures sont étanches. Les deux portes battantes ne laissent passer aucun filet d'air. « 76 % des élevages étudiés (lire l'encadré ci-dessous) sont équipés de portes coulissantes non hermétiques », remarque Daniel Le Clainche, du GDS de Bretagne. C'est un problème lorsque le courant d'air tombe sur le dos des animaux. Toutes les entrées d'air ne sont pas à bannir pour autant. « Il suffit de les moduler quand cela est nécessaire, précise-t-il. Une plaque de contreplaqué peut faire l'affaire. Elle dirigera le flux d'air vers le haut ou l'empêchera de passer lorsqu'elle est collée contre la paroi. » L'aménagement d'une ventilation dynamique n'est pas obligatoire. Le mode statique est une solution à partir du moment où le confort du veau est respecté.

« Les odeurs d'ammoniac sont un indicateur de mauvais fonctionnement, souligne Daniel Le Clainche. Une humidité trop importante est souvent rencontrée dans les nurseries, ajoute-t-il. Ce n'était pas le cas au Gaec Elie-Miché. Cela peut arriver aussi lorsque l'on prépare la buvée dans la nurserie. D'une manière générale, mieux vaut prévoir des salles différenciées, pour la préparation de la buvée mais aussi pour le logement des autres catégories d'animaux. » Les risques de maladies sont plus grands lorsque les veaux logent près de l'aire de vie des vaches sans aucune séparation.

DES LOCAUX DIFFÉRENTS EN FONCTION DE L'ÂGE

De même, il est préférable de prévoir des locaux distincts avant et après le sevrage, à l'image des bâtiments porcins par exemple ou comme au Gaec Elie-Miché. « Notre nurserie est en réalité une pouponnière pour loger les animaux jusqu'à trois semaines, précise Mikaël. Ensuite, les mâles sont vendus et les femelles rejoignent un autre site. Elles ont six semaines et demi lorsqu'elles entrent en case collective. » Les mélanges de classes d'âge augmentent le risque des maladies. « Prévoir un local à part pour l'infirmerie afin d'éviter que les veaux malades ne contaminent le reste du lot s'avère une précaution intéressante.

Les autres points forts de la pouponnière du Gaec Elie-Miché sont relatives au confort des animaux. Grâce aux cases individuelles conçues sur caillebotis surélevé, les veaux sont toujours au sec. « Les jus s'écoulent grâce à une pente dans un caniveau qui les évacue afin qu'ils ne stagnent pas dans la salle », indique Pascal. Il est possible de circuler tout autour des cases afin de surveiller les veaux au mieux.

SOL BÉTONNÉ

Le sol du local est également bétonné pour faciliter le nettoyage. Un curage complet de chaque case après le passage d'un veau et un vide sanitaire annuel sont également préconisés en décapant avec un nettoyeur à haute pression et en appliquant un désinfectant (bactéricide, virucide, fongicide).

Aujourd'hui, la lumière n'arrive plus depuis le plafond dans la nurserie du Gaec Elie-Miché. « Elle provient des deux fenêtres disposées sur le long pan, précise Daniel. Et cela suffit. L'erreur est d'installer trop de panneaux translucides sur le toit. L'été, ils apportent beaucoup trop de chaleur et transforment la nurserie en fournaise. »

« L'aménagement de la nurserie nous a coûté environ 5 000 euros », indiquent Mikaël et Pascal. Mais depuis, les frais vétérinaires sont réduits. Et le temps de travail aussi, les veaux en bonne santé boivent plus facilement...