C'est dans la petite commune de Tersannes, en Haute-Vienne, que se sont installés Steven et Tracey Hull en 2004. Dans leur région natale du Devon, au Sud-Ouest de l'Angleterre, Steven était conseiller agricole tandis que Tracey gérait un salon ovin. Ils élevaient également un quarantaine de moutons. Un concours de circonstances les a poussés à repartir de zéro. « Le coût de la vie et le prix des terres sont montés en flèche ces dernières années. La région était en plein essor touristique. Nos difficultés économiques se sont accentuées en 2002, à la naissance de notre premier enfant, Jonathan. Concilier nos fonctions respectives et notre nouvelle vie de famille devenait compliqué. Deux ans plus tard, lorsque nos jumeaux sont nés, nous avons décidé de vendre notre propriété », raconte Tracey.
MEILLEURE QUALITÉ DE VIE
Ils contactent des familles anglaises vivant en Auvergne. Pendant une semaine, ils sillonnent la région et visitent les fermes en vente, mais rentrent bredouilles au pays. Trois jours plus tard, un ami leur signale une ferme d'élevage ovin et bovin de 135 ha dans le Limousin. Steven retourne aussitôt la visiter et signe l'acte d'achat, avec l'aval de Tracey. Ils prévoient d'emménager six mois plus tard, en novembre. « Nous voulions un nouveau départ, sans nous déraciner radicalement, reprend Steven. Nous avons choisi une région similaire au Devon. Mêmes sols, même paysage et meilleure qualité de vie. » En plus de l'élevage, ils montent leur entreprise de barrières et clôtures.
Agés de 39 ans et 38 ans, ils bénéficient de la dotation « jeunes agriculteurs » (lire ci-contre). Les Hull applaudissent le système d'installation français. « Le gouvernement britannique ne propose pas d'aides à l'installation aussi cohérentes et généreuses. »
Lorsqu'ils emménagent, ils constatent que le précédent propriétaire a laissé sa ferme à l'abandon depuis leur visite. Le troupeau est mal en point et les relations avec le voisinage ne sont pas idylliques. « Il est difficile de socialiser lorsque l'on arrive et que l'on cherche à innover et à se former. Notre installation nous a laissés de mauvais souvenirs », se rappelle Steven. Petit à petit, la situation s'améliore. « Nos relations professionnelles avec la Cuma sont excellentes. Nous avons la même vision des choses, se réjouit Tracey. Et notre vie de famille s'est améliorée. »
Mais après neuf ans, les barrières culturelles résistent. « La langue est un obstacle quotidien. Le rythme de vie est beaucoup plus lent ici. Nous avons parfois l'impression de ne pas être efficaces. » Pas si simple de changer de vie à 40 ans.