« Je n'étais jamais venu en France mais je savais que j'y trouverais ma future ferme », se souvient Dirk Verswyvel. Avec sa femme, Ann, et ses deux enfants, Leen et Jan, il a quitté le nord de la Belgique en 2007. A Gierle, dans la province d'Anvers (région flamande), Dirk était éleveur laitier avec 400 000 litres de quotas sur 40 hectares. L'impossibilité de se développer, les contraintes environnementales liées à la concentration des exploitations et l'interdiction de construire ont eu raison de son patriotisme.
A cela s'ajoutaient des incertitudes quant au foncier. « Nous avions une vingtaine de propriétaires différents, tous très âgés », explique Dirk. La vente des parcelles par les héritiers menaçait la pérennité de son élevage. « Nous ne pouvions pas tout racheter. » En Belgique, les terres sont plus chères qu'en France et les baux sont annuels. A l'époque, l'hectare coûtait environ 50 000 euros. Aujourd'hui, le curseur oscille entre 65 000 et 75 000 €.
L'idée de « s'installer ailleurs » germait dans la tête de cet éleveur passionné et discret. En mai 2006, le « destin » les a emmenés en Moselle. Ils ont eu le « coup de coeur » dès leur première visite en France avec EuropeRuris (lire ci-dessous). Avant de faire construire la lumineuse maison qui domine aujourd'hui la campagne lorraine, la famille a vécu deux ans dans des conteneurs, près des bâtiments d'élevage. L'ancien propriétaire était venu des Pays-Bas une dizaine d'années auparavant. La santé financière de son exploitation était mauvaise. Dirk et Ann ont tout racheté.
LA BARRIÈRE DE LA LANGUE
Les débuts ont été laborieux. En dehors d'Ann, la famille ne parlait pas un mot de français. « Je traduisais sans rien connaître à l'agriculture », confie-t-elle. L'intégration a pris du temps. Elle est passée par des cours particuliers de français pour toute la famille. En parallèle, Dirk trimait pour remettre la ferme sur pied. « A cette époque, j'ai beaucoup douté », avoue Ann, qui a gardé son emploi dans l'administration belge, revenant tous les week-ends en Moselle.
Aujourd'hui, elle semble apaisée et s'est mise en disponibilité pour aider son mari. Avec ses 660 000 litres de quotas, l'élevage laitier de Dirk tourne à un bon régime. Installé sur 117 ha, dont 70 en culture, l'éleveur flamand savoure l'espace qui l'entoure. La conjoncture laitière, la paperasse administrative : pour lui, rien ne semble insurmontable. La « douce France » lui a offert son rêve.