« Je serai exploité par Lafarge granulats Sud au début, les vignerons pourront ensuite développer l'irrigation grâce à moi, puis baigneurs, pêcheurs et activités ludiques auront leur place. Qui suis-je ? » Réponse : le plan d'eau et de réseau d'irrigation des communes de Paziols et Tuchan, au sud-est de l'Aude, tout près des Pyrénées-Orientales.

Certes, pour l'instant, il ne s'agit que d'un projet, qui a débuté en mars 2011 par un accord de partenariat entre l'Union des associations syndicales d'hydraulique de l'Est audois (UASHEA) et le groupe Lafarge. Ce projet pourrait être opérationnel, concernant l'irrigation, dès la deuxième année d'exploitation, en 2017. Il en fait rêver plus d'un. Pour d'autres, sa réalisation serait un cauchemar et une levée de boucliers a déjà eu lieu lors des premières réunions publiques. Une association contre ce projet s'est même montée, mais pour Daniel Casteignau, de la chambre d'agriculture, il existe de bonnes raisons pour qu'il soit accepté. Les comités de pilotage organisés entre tous les acteurs sont là pour en discuter. « Ce plan d'eau dépasse la problématique agricole et concerne l'aménagement global du territoire. Le but est d'aboutir à un projet commun qui profitera à tout le monde, agriculteurs, industriels, riverains, touristes... »

EAU ET TERRAIN AUX MAINS DES AGRICULTEURS

Concrètement, l'association syndicale autorisée (ASA) d'arrosage de Paziols et l'UASHEA portent le projet de creuser deux plans d'eau, de 60 et 35 hectares, totalement dissociés des nappes d'eau souterraines. Ils seront alimentés l'automne et l'hiver par le surplus de débit de différents cours d'eau et, ainsi, plus de 3,5 millions de mètres cubes seront stockés. Le plan d'eau de 35 ha permettra d'alimenter le réseau d'irrigation qui sera créé par l'ASA et l'Union. Celui de 60 ha aura une double vocation, agricole et ludique. Ainsi, 1,6 million de mètres cubes permettront d'irriguer 1 000 à 1 300 ha de vignes.

La réalisation du bassin sera confiée à l'entreprise Lafarge granulats Sud (lire encadré), qui exploitera les granulats extraits du chantier d'excavation. « La redevance annuelle versée à l'Union servira à cofinancer, en plus de financements publics, le réseau d'irrigation jusqu'à la parcelle », précise Daniel Casteignau. Les 95 ha des plans d'eau seront achetés par l'Union aux agriculteurs et mairies propriétaires. La ressource et le terrain appartiendront ainsi aux agriculteurs. Au final, seul le coût de l'eau restera à la charge des irrigants. « A 10 €/m3, supporter le coût du stockage de 3,5 millions de m3 aurait été inenvisageable par les vignerons et les collectivités, précise-t-il. Ce projet original permettra, d'une part, d'augmenter et de sécuriser les rendements et la qualité du vin produit, et, d'autre part, de remettre l'agriculteur au centre de ses décisions et de son territoire en participant à la vie économique locale. »