Unique en France. Benoît Drouilhet s'intéresse depuis dix ans à la méthanisation. Il est allé trois fois en Allemagne visiter différents types d'installations, avant de trouver chaussure à son pied : un système 100 % lisier. (photo de gauche)
Vanne. Le procédé de recirculation du biogaz produit est induit par la vanne « flip-flop», qui génère une différence de pression entre les deux chambres de l'enceinte du digesteur. (photo de droite)
A Domsure, dans l'Ain, la SCEA la Richardière (280 ha cultivés pour l'essentiel en céréales, 450 truies et 4.000 places d'engraissement) s'est lancée dans la méthanisation avec la technologie autrichienne Bert, commercialisée par Bio4gas Express France.
« Cette société était la seule à nous proposer une technique 100 % lisier », explique Benoît Drouilhet, associé avec sa femme, Christine.
Privilégiant l'autonomie dans la conduite de son exploitation, le couple n'envisageait pas d'incorporer des coproduits extérieurs dans le digesteur : « Notre objectif n'est pas de devenir producteurs d'électricité, mais de simplifier le travail lié au traitement de nos effluents, en maîtrisant les coûts. »
L'exploitation a investi cet hiver 480 000 euros (336 000 avec les aides de la région Rhône-Alpes et de l'Ademe) dans un méthanisateur d'une puissance électrique de 50 kilowattheures électriques (kW€).
« C'est une petite unité pour un gros volume, souligne l'éleveur. Chaque année, nous produisons 10.000 m³ de lisier. Mis en service en 1997, le séparateur de phase avec fosses de décantation et lagunage était en bout de course. Il fallait le remplacer. »
Double. A l'intérieur du méthaniseur, deux chambres concentriques sont imbriquées l'une dans l'autre. (photo de gauche)
Brassage physique. Le système « T hermo Gas Lift » est un tube à double épaisseur placé verticalement, qui brasse le lisier par phénomène de convection. (photo de droite)
Un brassage sans élément mécanique
La simplicité du fonctionnement du méthaniseur (incorporation automatique des intrants, brassage du lisier sans pièces mécaniques rotatives par effet de thermosiphon) a séduit les éleveurs.
Dans la technologie Bert, un système de « Thermo Gas Lift » (TGL) associé à une vanne « flip-flop » assure un brassage par convection (comme sur les cafetières italiennes).
A l'intérieur du méthaniseur, deux chambres concentriques sont imbriquées l'une dans l'autre. Chacune est équipée d'un TGL placé verticalement. A l'intérieur de ces deux tubes creux circule le lisier, et dans leur épaisseur transite de l'eau chaude.
L'effet de thermosiphon généré brasse le mélange à l'intérieur du digesteur, sans élément mécanique. Grâce à la position centrale des deux TGL, la température est homogène. Le digesteur est également équipé d'un procédé de recirculation du biogaz produit.
Le procédé induit par la vanne « flip-flop » génère une différence de pression entre les chambres de l'enceinte du digesteur, ce qui met le liquide en mouvement et induit un second phénomène d'agitation.
Alors que le lisier est introduit dans la chambre extérieure, la chambre centrale évacue le substrat dégradé. Le lisier séjourne au moins trente jours (quarante à soixante pour une unité classique).
A la SCEA la Richardière, la possibilité de valoriser les installations existantes a été très appréciée. Le digesteur de 600 m³ a été installé dans une ancienne fosse à lisier, au milieu des bâtiments. La préfosse servant pour le séparateur de phase a été réutilisée : elle récupère les effluents des porcheries et les envoie toutes les deux heures dans le digesteur (30 m³ par jour).
« Il nous a suffi d'installer une pompe », indique Benoît Drouilhet.Les pratiques et le plan d'épandage n'ont pas été modifiés. Après passage dans deux fosses de décantation et deux lagunes, la partie liquide du digestat (95 % d'eau) est épandue sur les 80 ha proches des bâtiments par l'intermédiaire d'un réseau d'irrigation avec canalisation enterrée.
La partie solide est déposée sur des parcelles à quelques kilomètres. « La teneur ammoniacale de notre lisier le rend plus facilement assimilable », observe l'agriculteur. Soumise à déclaration, la petite unité de méthanisation a été montée dans un délai assez rapide.
« Les banques nous ont suivis facilement, note-t-il. Les démarches administratives ont commencé en mai 2011. Le digesteur a été rempli en quarante-huit heures en février 2013. »
Alors que le pic de production sera atteint cet été, les attentes en termes de kilowatts produits par jour sont satisfaites. Le temps consacré ne dépasse pas quinze à vingt minutes de surveillance par jour. Au plan économique, l'installation, amortissable en sept ans, devrait dégager un excédent brut d'exploitation de 55.000 euros.
Des petites unités par voie liquide
« La technologie autrichienne Bert, annonce Olivier Rebaud, associé fondateur de Bio4gas Express France, est la seule à proposer des unités de petite méthanisation en voie liquide accessibles à l'échelle à partir de 100 UGB, 6.000 à 7.000 m³ de lisier porcin ou 3.500 m³ de lisier bovin.
La simplification du fonctionnement du méthaniseur réduit les coûts, limite les risques de pannes, facilite la gestion du méthaniseur au quotidien.
Au plan administratif, le montage des projets (de 25 à 100 kW€ pour un investissement de 300.000 à 700.000 €) est facilité. »