Pour la campagne de 2013 des essais de La France agricole, nous nous sommes penchés sur le cas des phares de travail. Car, avec la réduction des fenêtres météorologiques, l'optimisation des traitements phytosanitaires en fonction de l'hygrométrie et la nécessité de sécuriser les chantiers de récolte XXL, les projecteurs de travail deviennent des outils à part entière.
Conscients du développement du travail de nuit, les constructeurs mettent au point des solutions d'éclairage allant du simple projecteur pour la rampe du pulvérisateur jusqu'à l'éclairage à 360° autour du tracteur. Mais tous ces équipements ont un coût et l'addition peut vite grimper. Il faut par exemple compter environ 300 euros pour un projecteur au xénon avec ballast.
Quadrillage (photo de gauche). Nous avons quadrillé la pâture sur 20 mètres de longueur et 7 mètres de largeur. Le merisier situé à 60 mètres a servi de repère pour les longues distances.
Mesures (photo de droite). L'équipe du machinisme a mesuré l'éclairement de chaque mètre carré sur la zone de test.
LED, alternatives aux projecteurs classiques
Apparus sur le marché il y a cinq ans, les projecteurs à LED se présentent comme une alternative économique au xénon et aux classiques halogènes. Sur le papier, les LED ont tout pour plaire : consommation électrique moins élevée, durée de vie quasi illimitée, absence d'entretien et légèreté.
Mais sur la performance technique pure, les premières versions ont montré que l'éclairement était loin d'atteindre celui d'un phare au xénon, voire même de puissants halogènes.
Nous avons donc testé les dernières versions de projecteurs à LED face à leurs homologues plus classiques.
Conditions (photo de gauche). Nous avons pris le volant d'un Manitou pour évaluer l'effet des phares en conditions réelles.
Montage (photo de droite). Nous avons utilisé une rampe de démonstration avec des phares montés sur hampe.
Trois technologies au banc d'essai
L'équipementier allemand Hella, spécialiste de l'éclairage automobile et agricole, nous a ouvert son magasin et a fourni les six projecteurs du test.
Les deux premiers concurrents sont des projecteurs halogènes classiques : l'Ultra Beam à un halogène et le Double Beam à deux halogènes. Ces deux phares de travail représentent le gros des ventes en agricole. Le troisième concurrent était un phare au xénon, la star actuelle dans le domaine du projecteur de travail.
Enfin, trois phares à LED complétaient le panel. Ces modèles à quatre, dix ou seize LED sont arrivés récemment au catalogue. Selon Hella, le PowerBeam 3000 à 16 LED devrait remplacer à terme le xénon, dont l'avenir semble s'assombrir.
Les plus petits projecteurs à LED devront trouver d'autres arguments face aux halogènes. Nous avons testé uniquement des modèles dits d'« éclairage proche » ou mixte, convenant pour des travaux entre 20 et 40 mètres.
Près de 1.000 mesures
• Protocole de la DLG
Nous nous sommes appuyés sur un protocole de la DLG (Société des agriculteurs allemands) que nous avons adapté aux conditions de notre test afin d'obtenir un échantillon de mesures représentatif.
L'essai s'est déroulé entre 22 heures et 2 heures du matin sur une pâture dans le sud de l'Aisne, par une nuit sans lune. Nous avons quadrillé la parcelle sur 20 mètres de longueur et 7 mètres de largeur. L'éclairement de chaque carré de 1 mètre a été mesuré avec un luxmètre pour réaliser les diagrammes présentés dans les pages suivantes.
• Simplication des manipulations
Pour simplifier les manipulations et éviter de monter les phares sur le tracteur de l'exploitation, Hella nous a prêté sa rampe de démonstration. Les phares montés sur hampe ont été fixés directement sur cette rampe, à une hauteur de 2,5 mètres.
Nous avons pris le parti de nous affranchir de l'angle d'inclinaison des projecteurs recommandé par Hella et de régler le phare comme si nous partions semer. Ce réglage explique que la distance éclairée ne correspond pas aux données du constructeur.
• Parcelle hétérogène
Nous avons choisi une pâture hétérogène avec l'herbe rase et de la terre apparente dans certaines parties. Un merisier situé à 60 mètres de la rampe d'éclairage nous a servi de repère pour évaluer la portée des phares avec un réglage optimal. Les photos réalisées pendant l'essai donnent une idée précise du faisceau engendré par chaque projecteur.
Au terme de cette nuit, il faut reconnaître que nous avons été bluffés par les capacités des modèles à LED. Encore bien poussifs il y a deux ans, ces projecteurs sont aujourd'hui des alternatives intéressantes et crédibles aux technologies bien établies. Il reste à corriger les petits problèmes d'éclairage en bordure et à les associer intelligemment pour en tirer le meilleur parti.
Plusieurs paramètres pour quantifier la lumière
Pour notre essai, nous avons mesuré l'éclairement avec un luxmètre (photo). Cette valeur renseigne sur l'intensité de la lumière en un point donné. Plus on s'éloigne de la source lumineuse, plus la valeur de l'éclairement est faible. Ce paramètre se mesure en lux.
• Puissance lumineuse : exprimée en lumen, elle est fixe pour un projecteur donné, quelle que soit la distance par rapport à la source. Cette valeur, fournie par le constructeur, permet de comparer les projecteurs à l'achat. Plus la puissance est élevée, plus l'éclairage est intense.
• Température de couleur : en thermodynamique, les couleurs sont qualifiées par une température en degrés Kelvin. Par exemple, la température du rouge est de 1.500°K, celle du jaune de 3.000°K et celle de la lumière du jour de 4.500°K.