L'herbe ne dépasse jamais le haut de la cheville quand les vaches entrent dans les pâtures à la ferme de Kerlavic à Quimper (Finistère). Nombreux sont ceux qui pensent que la ressource n'est pas suffisante pour des bovins. « Pourtant la ration des vaches suitées ou pas est largement couverte, assure Gilbert Le Stanc le gérant des 90 limousines de la ferme. A condition que les vaches ne restent pas plus de trois jours sur le même paddock. Je veille à ce que la ressource soit consommée alors qu'elle est la plus riche et je laisse un temps de repos d'au moins trois semaines entre deux passages. » Gilbert a dû s'adapter à son parcellaire dispersé.
« Afin de simplifier le travail, j'ai choisi de réserver les 25 ha autour des bâtiments au pâturage, explique-t-il. Les îlots situés à 3 et 5 km sont destinés aux stocks dans un premier temps. J'y conduis ensuite les génisses pour valoriser les repousses. »
SORTIE PRÉCOCE
Le lot de vaches vêlant à l'automne valorise l'herbe avant que celle-ci n'atteigne la cheville. « 5 cm d'herbe, c'est 1 t de MS/ha », signale Raymond Barré de la chambre d'agriculture. Dès que les sols sont portants les animaux sortent. « C'est-à-dire dès la fin février, ajoute Gilbert. La ressource n'est toutefois pas suffisante pour combler les besoins. Je rentre donc le troupeau tous les soirs pendant les trois premières semaines environ. Je distribue la moitié de la ration à l'auge. » Les jours de mauvais temps, les animaux restent à l'intérieur. En un mois, ils font le tour des quinze paddocks.
A partir de la fin mars, toutes les vaches pâturent, sans complément. Les lots changent de paddock tous les trois jours. En mai, si l'herbe pousse trop vite, Gilbert réserve un paddock pour les stocks. « De même si la pousse ralentit, je peux distribuer un peu d'ensilage au champ pour économiser le stock sur pied. « Mais je n'attends pas le dernier moment, précise Gilbert. J'anticipe. En fonction de la météo, il arrive même que j'accélère la rotation. Si un jour de pluie est annoncé par exemple et que les vaches sont déjà depuis deux jours sur une parcelle, je les conduis dans un nouveau paddock. » Sinon elles restent sous les arbres, leur production laitière décroît et avec elle la croissance de leur veau.
« La sélection des animaux joue un rôle important sur la croissance des veaux à la ferme de Kerlavic, signale Raymond Barré. Mais la gestion des prairies reste un élément clé qui favorise aussi l'autonomie de l'exploitation. Si l'on gaspille, on ne peut pas stocker les 2 t de MS/UGB nécessaires pour l'hiver. S'il manque 200 kg de stock/UGB, il faudra acheter 18 t de fourrages pour passer l'hiver. » Ce n'est pas le cas à la ferme de Kerlavic. « J'achète seulement un peu de tourteaux de colza pour l'engraissement des taurillons, indique Gilbert. Afin de sécuriser davantage mon système, j'envisage d'implanter des betteraves fourragères dont la production en énergie avoisine 18 000 UF/ha », conclut-il.