« J'ai adopté une conduite tout herbe avec pâturage tournant dès mon installation, déclare George Goodfellow à la tête de 55 limousines et 300 brebis à Bellac en Haute-Vienne. »
Le jeune éleveur est toujours un participant assidu aux réunions organisées par Danièle Barataud de la chambre d'agriculture sur le thème du pâturage tournant. Elles commencent en février. Quatre autres suivront en mars, fin avril, juillet et octobre.
George bénéficie sur son exploitation d'un atout : les 123 ha sont bien groupés. « Je voulais préserver mes grandes parcelles, mais je ne peux pas mettre deux taureaux dans un même lot », ajoute-t-il. Difficile donc d'installer un fort chargement instantané. Redécouper les parcelles ne semble guère envisageable. Pas question non plus de changer de période de reproduction. « Les vaches doivent avoir les plus gros besoins à la mise à l'herbe pour profiter au maximum de ce fourrage sur pied », explique-t-il. Bref, George opte pour une autre solution et choisit d'augmenter la taille du lot en intégrant des brebis avec les vaches. « La complémentarité des deux espèces est un atout pour la valorisation de l'herbe », assure-t-il.
Les 100 UGB se répartissent en deux lots seulement (voir infographie). Le chargement sur la surface de base, c'est-à-dire celle qui est exclusivement pâturée, atteint l'objectif de 50 ares/UGB au printemps. « Pour simplifier encore la conduite, j'ai aussi décidé de faire vêler les génisses à deux ans et de les intégrer aux lots des vaches dès l'âge de 15 mois, ajoute George. Leurs veaux sont néanmoins vendus à trois semaines de manière à ne pas pénaliser la croissance des jeunes mères. »
Les deux espèces cohabitent parfaitement. Sans pour autant se mélanger. « Lorsque je veux effectuer un traitement par exemple, il est aisé de les séparer. »
UN ESPACE POUR L'ABREUVEMENT
Au final, les deux lots d'animaux se partagent les trente parcelles. Leur organisation en étoile favorise la circulation des animaux. Le changement d'une parcelle à l'autre est rapide. Il suffit de les faire passer dans cette parcelle centrale où des accès sont prévus pour l'ensemble des autres paddocks de l'îlot. George n'a besoin de personne pour changer ses animaux de parcelle. Même pas de l'aide d'un chien. Les animaux ont un accès permanent à cette parcelle centrale. « Celle-ci sert aussi pour l'abreuvement, ajoute-t-il. Je ne perds donc pas de temps sur les chemins avec la tonne. Les bacs sont reliés au réseau et avec cinq abreuvoirs seulement j'approvisionne 100 ha. Cela me laisse d'autant plus de temps pour la surveillance. »
Résultat, les animaux sont habitués à changer de parcelle tous les deux ou trois jours pour une herbe appétente. Ils suivent l'éleveur très facilement, les manipulations se passent dans le calme. « Cette parcelle centrale offre un bon point de vue pour passer en revue les animaux », précise-t-il. Et si l'herbe cesse de pousser, George peut y installer un râtelier et y apporter du foin. L'accès aux paddocks est alors fermé pour ne pas abîmer les prairies. « Ainsi, j'ai amélioré le potentiel de mes prairies », indique-t-il.